L'histoire :
Aux studios Billancourt, l’Âge d’or, le film pas encore réalisé et déjà détesté, avance. Bunuel s’échauffe mais progresse. Virgil de la Roche, lui, devient dépendant de la vicomtesse. Marie-Laure l’a envoûté alors qu’elle représente tout ce qu’il déteste. Elle le renseigne sans le savoir. Il a ses espions sur les plateaux, où Bunuel a invité Max Ernst à jouer et Eduard à narrer l’histoire, alors que Marie-Laure essaie de mettre Nathalie mal à l’aise. Ou de la séduire ? Elle harcèle la jeune femme en lui disant du mal de Cocteau, de sa légèreté, de son homosexualité… Elle s’amuse aussi de Virgil, qu’elle traite comme un petit chien de compagnie. Lui ne ressent plus rien, même pas de honte et se laisse trimballer de magasin en magasin, comme un bibelot. Bunuel, lui, refuse l’invitation des studios américains malgré l’intervention de Charles. Le tournage arrive à son terme, mais Virgil ne se résout pas à en informer la préfecture…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Deuxième et dernier tome de ce diptyque qui a pour cadre les années folles. C’est une période incroyable, où vont se côtoyer l’inventivité la plus folle, avec les surréalistes notamment, mais aussi les écrivains américains de la « génération perdue », Fitzgerald, Miller et Hemingway. Cette époque connaîtra aussi la montée des individualismes, nationalismes, racisme et antisémitisme… Les mondes s’entrechoquent violemment et se perdront dans l’horreur de la deuxième guerre mondiale, du collaborationnisme et de la Shoah. Le romancier Lancelot Hamelin réussit à confronter deux de ses mondes, celui du surréalisme et des réactionnaires antisémites dans cet album aux allures décadentes. Si le contexte est toujours captivant, l’inéluctabilité de l’affrontement fait que le lecteur est moins oppressé par le suspense. Le personnage du narrateur, Virgil, est aussi moins violent, anesthésié qu’il est par les agissements de la vicomtesse de Nouilles. Ce personnage est fascinant, à la fois manipulatrice et victime de ses pulsions, amoureuse de son mari et attirée inexorablement par de la Roche et Cocteau, parfaits contraires mais qui se retrouvent dans les fumeries d’opium. Le dessin est toujours aussi magnifique. Luca Erbetta, qui œuvre en couleurs directes, livre un dessin réaliste plein de grâce et de volupté. Le résultat final est beau et désenchanté, vibrant et triste comme le regard de Cocteau.