L'histoire :
Paris, 2 août 1794. La Terreur bat son plein. Robespierre vient d’être guillotiné. Jacques-Louis David, le peintre le plus célèbre d’Europe, quitte le Louvre. Il est escorté vers la prison, l’Hôtel des Fermiers Généraux, plus précisément. À son arrivée, David est accueilli par un homme qui l’installe dans une cellule fort confortable. Il s’agit en fait de l’atelier de son fils, démobilisé en Belgique sous les ordres du Général Marceau, qui fut un des anciens élèves du peintre. Une boîte à couleurs, des pinceaux, deux toiles, un chevalet, son fidèle élève en la personne de Sernageli… tout est réuni pour que David s’adonne à son art. Il se met à peindre son autoportrait. David n’oublie pas de gommer la blessure à la lèvre qui l’a quelque peu défiguré. Une entaille qu’il traîne depuis 30 ans, suite à un duel à l’épée. 15 septembre 1794, David est réveillé à l’aube. On vient pour le transférer à la prison du Luxembourg. Sa cellule est bien moins avenante que celle qu’il vient de quitter. Quelques semaines passent et il reçoit la visite de Charlotte, son ex-épouse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Quand on va visiter Le Louvre, on ne peut pas le manquer. Au côté de la Joconde et de la victoire de Samothrace, le Sacre de Napoléon Ier est incontournable. Sa taille majestueuse est étonnante, au point qu’on se demande comment un homme de mensurations normales a pu le réaliser : 60 m2, soit la taille d’un grand appartement parisien. Cette œuvre gigantesque, de commande, c’est Jacques-Louis David (rien à voir avec le coiffeur) qui l’a signée. Ce que l’on sait moins, c’est que David était un artiste engagé : il a été élu député à la Convention et, en révolutionnaire accompli, il a d’ailleurs voté la mort de Louis XVI. Son art lui a permis d’échapper plusieurs fois à la guillotine (il était dans le sillage de Robespierre ou de Marat). C’était aussi un formidable technicien de la peinture, il a beaucoup appris de ses voyages réguliers en Italie. Fort bien documenté, François Dimberton distille les anecdotes : pour le portrait de Pierre Sériziat (réalisé pour remercier son hôte de son hospitalité), on apprend la genèse du tableau. Sur la toile, on aperçoit l’homme assis sur une pierre. En fait, David n’a pas peint l’homme en extérieur. Il a d’abord croqué son modèle en intérieur et a rajouté l’élément minéral a posteriori. Pour David, « le peintre doit se méfier comme de la peste du vent et des poussières qui ruinerait la bonne conservation de son tableau ». On découvre aussi qu’il a peint cette œuvre sur bois car, en ces temps de guerre, toutes les toiles ont été réquisitionnées pour confectionner les tentes des soldats. Dimberton s’en tire plutôt bien, dans l’ensemble, avec cette biographie complexe à réaliser (un poil verbeux !). Il faut un peu de temps pour s’habituer à son trait, combinant ligne claire pour les personnages, les décors et trait plus précis pour les œuvres peintes (les couleurs chaudes de Cyril Saint-Blancat sont un écho à la Terreur ambiante très chaude !). La grandeur de l’œuvre de David, comme celle des lieux (le Salon ou la Galerie d’Apollon du Louvre) est parfaitement restituée.