L'histoire :
En cette ère future post-apocalyptique, la région africaine d'Addis-Abbeba (Ethiopie) est devenue un gigantesque bidonville. Toujours accompagné de son fidèle gorille Mao, Dayak est un guerrier insolite : il est l'un des rares blancs aux cheveux blonds, dans un monde uniquement peuplé de noirs. Éduqué par Baptiste, un missionnaire respecté, il s'oppose aux trafics d'armes et d'alcool que l'Oba organise sous couvert d'aide humanitaire, et qui alimentent divers clans mafieux. Ce jour là, il est repéré par un drone de l'Oba, le grand maître politique et spirituel de la cité, qui porte en permanence un masque tribal pour dissimuler son visage. Celui-ci comprend alors instantanément qui est Dayak... Quelques jours plus tard, un autre blanc, le cruel Simon, fait la démonstration auprès de l'Oba de sa technologie occidentale, en lui présentant sa plate-forme de forage mobile dernier cri. L'Oba approuve mais le met en garde contre son arrogance ostentatoire. Au même moment, sous la houlette de son tuteur Baptiste, Dayak accède à un stade supérieur de son pouvoir d'illusionniste. Par simple autosuggestion, ses ennemis voient alors parfois un monstre en lui. Au terme d'une rixe de rue, Dayak est de nouveau repéré par un drone et l'Oba en présente en direct les images à Simon. Ce dernier voit alors en lui son frère jumeau disparu, 25 ans plus tôt...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 1993, avec Dayak, le dessinateur Philippe Adamov se lançait pour la première fois sur sa propre histoire de bande dessinée. Dès les premières planches, le lecteur risque d'être décontenancé par le contexte futuriste et déstructuré qui sert de cadre à une aventure initiatique, sous-tendu d'un propos anticolonialiste. En effet, le héros Dayak – seul blanc parmi les noirs – évolue au sein d'un univers cyber-punk africain, une civilisation post-apocalyptique tribale où les cités sont constituées de masques massaï géants, où les croyances ont tendance à se confondre avec la réalité, la high-tech avec les créatures organiques. Dans ce registre, le dessin d'Adamov est précis, détaillé, « expert », impeccablement cadré et mis en scène au sein de décors visuellement riches et étonnants : un must. En trois tomes, ici réunis en édition intégrale, Dayak se découvrira une destinée prophétique, un jumeau anti-héros à aimer, puis à combattre. Ce brassage original de thématiques – culture tribale, transes prophétiques, frères ennemis, suprématie vaniteuse de l'homme blanc – bouleverse nos repères sociaux et politiques, et façonne une histoire hors norme, jonchée de rebondissements parfois incongrus ou baroques. Adamov poursuivra d'ailleurs dans le registre avec L'impératrice rouge, aux côtés de Jean Dufaux.