L'histoire :
En 1831, les caricaturistes Charles Philippon et Honoré Daumier décortiquent le visage de Louis-Philippe en 4 étapes, l’assimilant progressivement à une poire. 6000 francs d’amende pour le journal le Charivari. Entre 1852 et 1880, avec le 3ème Empire, s’épanouissent André Gill, Le Grelot, Bertall, Gustave Doré, Nadar, Robida… Fin XIXème, Caran d’Ache dessine le célèbre Un dîner en famille : « Surtout, ne parlons pas de l’affaire Dreyfus ! … Ils en ont parlé. » La Belle époque est celle du Petit Journal, des anarchistes, de la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Sous la 1ère guerre mondiale, les caricatures brocardent les boches. Sous les années folles, apparait le Canard Enchainé, puis c’est la montée des populismes. Durant l’occupation et la seconde guerre, Ralph Soupault et Tim s’en donnent à cœur joie pour stigmatiser toutes les lâchetés. Après la libération, apparaissent les grands noms de Siné, Sempé, Piem, Ben, Moisan, Jacques Faizant, Claude Serre, Cardon, Topor… A partir de Mai 68, Reiser, Cabu, Konk, Gébé, Blachon, Chenez s’éclatent dans Charlie Hebdo. Après les 30 glorieuses, Wolinski, Willem, Plantu, Honoré, Lefred-Thouron, Guiraud, Vuillemin précèdent les Tignous, Charb, René Pétillon, Mix & Remix, Luz, Riss, Deligne, Cambon, Jul, Lécroart, Ranson, Jiho, Aurel, Coco, Catherine Meurisse, Soulcié, Xavier Gorce, Trax…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« D’un trait de plume, avec insolence ou avec complaisance, le dessinateur de presse résume l’évènement, le fait historique essentiel, ou le détail de dérisoire, mais toujours empli de sens qui éclaire notre Histoire. […] Un simple dessin et voilà éternisé l’instant, l’intention, le trait de caractère ou l’allure physique, le regard fourbe comme le geste révélateur, l’ignominie comme la grandeur. » Par cette parfaite définition, Yves Frémion introduit cette somme magnifique et indispensable : une histoire du dessin politique et d’actualité (en France !), qui court de 1830 à 2015, année du massacre de Charlie. Frémion chapitre ce conséquent « who’s who », qui lui aura demandé 15 années de travail d’encyclopédiste, en 14 chapitres chronologiques richement documentés, sans être aucunement partisan. Cela commence par la naissance de la presse libre, avec La silhouette, La Caricature ou Le Charivari, se ponctue par les révolutions et les guerres mondiales, et se termine par la tuerie du 7 janvier 2015. La fin positionnée sur cette dernière date est amère. Assurément, le dessin de presse n’est pas mort avec Charlie, mais jamais auparavant, on avait aussi ignoblement assassiné cet artisanat corrosif… dont nous nous apprêtons précisément à commémorer le 10ème anniversaire. Le dernier dessin de ce superbe recueil de 400 pages est précisément le « dernier dessin » de Charb, de janvier 2015. Auto-conclusif et phénoménal.