L'histoire :
Paris, septembre 1975. Après leurs mésaventures chiliennes, survenues au moment du renversement de Salvatore Allende par le général Pinochet, Claire, Amédée et François ont réussi à fuir la dictature pour leur pays natal, la France. Claire travaille en tant qu’avocate pour la LDH (Ligue des Droits de l’Homme), Amédée a repris son poste de policier et François a sombré dans l’alcoolisme. C’est alors qu’un couple d’artistes chiliens est assassiné et que plusieurs autres expatriés suivent le même funeste sort. Le pouvoir chilien semble vouloir se protéger d’une contre-révolution en employant des méthodes radicales, bien au-delà de ses frontières. Avec cette série de meurtres sur les bras, la police française est aux abois. Les supérieurs d’Amédée tentent alors de se servir de lui et de ses contacts chiliens pour trouver un début de piste. Pendant ce temps à Santiago, Ingrid, ancienne maîtresse de François, subit un odieux chantage : elle doit aider la police secrète de Pinochet à ramener François au Chili si elle veut revoir son fils vivant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il est à nouveau conseillé de bien s’accrocher pour suivre le second et dernier volet de cette intrigue politico-policière complexe. Le cadre historique véridique est celui de la dictature chilienne de Pinochet, durant laquelle un régime de terreur fit plus de 3000 victimes. A cette période, le pouvoir a tenté une réforme agraire aussi massive qu’autoritaire, visant la création de gigantesques propriétés viticoles modernes capables de rayonner économiquement dans le monde entier. Or – et c’est un peu là que le bas blesse – le scénario compliqué de Thierry Mattera s’appuie totalement sur cette réforme qui n’est révélée que… dans l’épilogue ! Les plus courageux reprendront la lecture du diptyque au début… Sans doute le scénariste aurait-il pu également se dispenser de bien des dialogues pour toucher un plus large public. Sans doute les Destins de ses personnages sont-ils légèrement trop croisés pour être totalement limpides. Néanmoins, à travers une intrigue nébuleuse, Mattera réussit tout de même à transmettre le sentiment de terreur vécu par les chiliens entre 1973 et 1988. La reconstitution historique est donc plutôt réussie. A l’image de la couverture, le dessin réaliste de Stéphane Boutel (qui a repris le Boche à la suite d’Eric Stalner) est austère à souhait, mais un ton moins appliqué que sur le précédent volume. Une histoire qui ne restera malheureusement pas dans les annales, en dépit de l’intérêt du sujet…