L'histoire :
Le fermier Dickie est réveillé en pleine nuit par un curieux sifflement venant du dehors. Par la fenêtre de sa maison, il aperçoit une soucoupe volante qui virevolte au-dessus de son champs de blé, afin d’y dessiner une forme avec un rayon laser. Aussitôt, il descend à l’orée de son champ, afin de saluer ces visiteurs venus des étoiles… mais ils repartent déjà. Dickie les salue de la main, tout ému de cette rencontre, ignorant qu’à bord du vaisseau se trouvaient deux aliens punks qui ont dessiné dans son champ une grosse bite.
Sur une planète lointaine, Dörk, un jeune alien aventurier, reçoit une nouvelle mission de la part du conservateur de son musée alien : rapporter un homme ponctionné sur la planète Terre. Dörk s’exécute. Il décolle de son spatio-port en soucoupe volante et atteint rapidement la Terre. Après quelques repérages, il a fait son choix. Il envoie son rayon-aspirateur vers un homme, il rapporte dans une bouteille pleine de formol sur sa planète. Il est ainsi exposé dans le musée, barbu, torse nu et avec une couronne d’aubépines autour du crâne. Au moment, sur Terre, des jordaniens de l’an 33 remercient Dieu pour le miracle de la disparition du Christ…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après le thème de Hitler, d’Hollywood, des princes de contes de fée et un recueil des premiers gags variés publiés chez des petits éditeurs, Glénat et Pieter de Poortere lancent l’infernal et obsédé Dickie sur un nouveau sujet riche et porteur en situations décalées : les aliens. La recette de l’auteur néerlandais demeure identique aux opus précédents : 45 gags visuels, entièrement muets, selon un découpage en gaufrier de 12 cases carrées par planche, se ponctuent par 4 gags pleine-planche. Son trait de dessin est épais, décors et personnages sont naïfs, la palette de couleurs en aplats est limitée. Mais l’inspiration d’humour noire, cynique, absurde et jouissivement idiot, répond toujours présent, pour un chatouillis efficace des zygomatiques. Toute l’iconographie mainstream de la thématique passe à la moulinette de sa relecture pleine de quiproquos, bévues et autres pulsions sexuelles : les soucoupes volantes, les enlèvements, les crop-circles, les rencontres (foireuses) du troisième type… Et tant qu’on y est, de Poortere parodie quelques célèbres mythes cinématographiques pas si éloignés du sujet : Star Wars, E.T., Star Trek, Superman, Retour vers le futur. Il en profite aussi pour écorner l’Eglise, en donnant quelques explications extraterrestres aux grands mystères de la foi chrétienne (ce n’est pas vraiment le Saint Esprit qui a engrossé Marie… c’est Dickie !). La vérité n’est pas ailleurs, elle est dans Dickie.