L'histoire :
Le prince charmant Dickie se rend chez un mage qui lui dévoile sa toute dernière nouveauté : une boule de cristal. Le mage abandonne alors Dickie pour aller au petit coin. Quand il revient, il retrouve Dickie à moitié assommé dans son laboratoire. Dickie explique qu'un méchant troll s'est emparé de la boule avant de se sauver. Aussitôt, le mage hèle son cheval ailé et s'envole à la poursuite du chapardeur. Or c'était une ruse de Dickie, qui peut alors partir avec la boule sous le bras afin, ensuite, de mater sur celle-ci du porno, tranquille dans son salon...
Le prince Dickie doit épouser la fille moche d'un roi. Peu séduit par cette idée, il fait le test du petit pois glissé nuitamment sous une improbable épaisseur de matelas (comme dans le conte La princesse au petit pois). Mais l'effet produit n'est pas celui escompté. L'hideuse princesse cède en effet à une crise de somnambulisme qui l'amène jusque dans la cuisine du château, à ingurgiter une pleine boîte de conserves de petits pois. De fait, elle passe le reste de la nuit à larguer des pets nauséabonds. Ces derniers sont tellement infects que Dickie, dépité, va aussitôt faire un tour dans le quartier chaud pour choisir en vitrine la professionnelle qui saura le contenter...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après avoir conquis Hollywood et s'être pris pour Adolph Hitler, Dickie s'attaque au registre du conte de fées. Toujours bedonnant, dégarni et affublé d'une petite moustache (le look Gérard Jugnot dans Pinot), il enfile cette fois le costume du prince charmant, au gré de gags en une planche truffés d'un cynisme jubilatoire. Car évidemment, comme l'indique la couverture – sur laquelle il profite du sommeil de la Belle au Bois Dormant pour mater ses nichons – ce vandale sabote systématiquement les ressorts classiques des célèbres contes : il fait tomber Raiponce de sa tour, s'embroche sur les licornes, pique les diamants des nains au lieu de réveiller Blanche-Neige... Il est aussi parfois aidé par sa comparse Vickie qui, elle, par exemple, dans la peau de la petite sirène, fait fuir le prince en raison de la pestilence de sa queue de poisson. La méthode muette, 100% visuelle de l'auteur flamand Pieter de Poortere ne faillit donc pas. Son trait de dessin épais et son style archi simple ne fait certes pas l'unanimité... mais pour peu qu'on se laisse prendre par les chutes cinglantes et imprévisibles, il parvient à décrocher régulièrement de gros éclats de rire.