L'histoire :
Islamabad, Pakistan, 10 janvier 2018. Le journaliste Taha Siddiqui se lève de bonne heure pour se rendre à l’aéroport. Avant de partir, il embrasse sa femme et son fils encore au lit. Le journaliste n’est pas en avance. Il demande au chauffeur de taxi de mettre le turbo. Alors qu’il fume un joint sur la banquette arrière, le taxi pile brutalement au milieu de la chaussée. Taha est en colère et demande à son chauffeur ce qui se passe. A peine le temps de sortir de la voiture qu’une bande de talibans armés surgissent du véhicule qui les précédait. Le journaliste se fait tabasser en règle. Soudain, Taha distingue dans le flot de la circulation un véhicule de l’armée. Mais les militaires ne vont pas lui venir en aide. Les talibans l’embarquent de force dans leur 4x4. Dans un moment de lucidité, Taha s’aperçoit que sa portière n’est pas verrouillée : il saute du véhicule. Ses ravisseurs n’hésitent alors pas à faire usage de leurs armes...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce roman graphique de plus de 250 pages n’est ni plus ni moins que l’autobiographie de Taha Siddiqui, un authentique journaliste pakistanais qui a dû fuir son pays. Tahi raconte son histoire : son enfance débute en Arabie Saoudite où ses parents ont émigré pour avoir du travail. Il raconte la radicalisation progressive de ses parents et l’éducation qui en découle. Si, enfant, il n’avait pas un jugement très aiguisé et adhérait au dogme de la religion, c’est à l’adolescence qu’il va commencer à remettre en cause l’obscurantisme des intégristes. Sa rencontre avec une chiite et leur amour impossible vont le conduire à se questionner davantage. Au fil du récit, Taha décrit son émancipation progressive d’un environnement mortifère. Malgré l’opposition de ses parents, Taha s’orientera vers une carrière de journaliste. Sa parole va déranger le pouvoir religieux jusqu’à ce qu'il devienne un paria qu’il faut faire taire. C’est un récit fort, engagé, mais également glaçant, où l’espoir de voir évoluer certaines mentalités semble bien mince. Cette histoire se lit d’une traite. Graphiquement, le trait est vif, rapide comme du dessin de presse. Un récit intéressant et éclairant.