L'histoire :
Rome, novembre 1920. Radar s'introduit dans la demeure cossue de Bene. Il cherche la bonne formule (Ferdinand Straub lui a remis des faux plans) pour réaliser une fusée intersidérale, destinée à conquérir la lune. Depuis le satellite de la Terre, il pourra mettre en marche son plan machiavélique : bombarder la planète bleue ! Mais Bene et Rebecca Linel ne sont pas de cet avis et repoussent Radar, qui prend la poudre d'escampette... Straub et Pacsin sortent d'un cabaret parisien et s'inquiètent de ne plus avoir de nouvelles de Radar depuis son irruption chez Bene. Cela présage ne rien de bon... Ils ne croient pas si bien dire. À Venise, dans la nuit sombre, Tignasse et Louis, deux malfrats, agressent et tuent Paul Morel, un diplomate français. Avant de mettre les voiles, ils glissent une lettre dans sa veste, contenant le message suivant : « Tant que Straub ne me donnera pas la formule de Bene, je ferai régner la terreur à Venise ». Le chef de la police secrète de la Cité des Doges demande à Signor Prinoti de trouver un moyen d'arrêter Radar, l’insaisissable génie du mal. Dehors, un albatros monoplace survole la vile et tire sur les habitants... Une scène d'horreur !
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le titre de ce troisième épisode du Docteur Radar est un clin d'œil au Mort à Venise de Thomas Mann, adapté au cinéma par Luchino Visconti. La comparaison s'arrête là, puisqu'ici-bas, il est nulle question d'épidémie de choléra (enfin si, une petite allusion est glissée dans une des cases, normal avec Noël Simsolo, grand expert de cinéma) ou de fascination pour la beauté (quoique...). Ici, on est dans le feuilleton avec un personnage guignolesque qui sème la terreur tel un Fantômas ! Noël Simsolo s'amuse des codes du genre en adaptant les péripéties radiophoniques diffusées il y a 20 ans, avec Michael Lonsdale à la voix. Au cœur de ce nouveau récit, on retrouve Radar, un méchant grandiloquent, cruel et dépourvu de bienveillance, qui n'hésite pas à faire le plus de victimes possibles. Peu de personne osent se confronter au Docteur Radar, à part Straub ou Pacsin ! Les mots fusent, les aphorismes éclatent « Qu'est-ce qu'une ville bâtie sur l'eau face au reste du monde ? »... Le tout dans un contexte historique réel (la ville de Fiume, objet de convoitise de Benito Mussolini). L'inspiration du courant expressionniste allemand (Dr Mabuse de Fritz Lang ou Nosferatu de Murnau) n'est pas loin avec le dessin de Bézian très vif et anguleux, ses couleurs torturées, plongeant le lecteur dans une atmosphère pesante et sombre. Avec Docteur Radar, le Mal reprend des couleurs !