L'histoire :
1920. Paris, Gare de l’Est. Gontran Saint-Clair s’apprête à prendre le train pour Berlin dans le but de retrouver le professeur Ludwig Lang. Les deux scientifiques souhaitent comparer leurs dernières recherches en matière d’astronautique. Durant le voyage, Saint-Clair est empoisonné au curare par de mystérieux individus. Le lendemain, cette nouvelle fait la Une des journaux, qui ne manquent pas de faire un parallèle avec deux autres décès suspects de savants. En effet, 3 semaines auparavant, Aristide Vernon était retrouvé pendu dans sa cave. Il avait brûlé ses notes avant de mettre fin à ses jours (bizarre, non ?). Deux mois avant, on avait repêché le docteur Bruno Vaillant dans l’Elbe, le visage écrabouillé. Ferdinand Straub, un ancien as de l’aviation française reconverti en détective privé, est intimement persuadé que ces 3 crimes sont liés. Leur point commun ? La conquête de l’Espace. Il craint que d’autres scientifiques intéressés par ce thème ne courent tous un grand danger. Bingo ! Le Professeur Émile Lenoir est retrouvé mort chez Maxim’s après avoir été piqué par un scorpion. Le responsable de tous ces crimes serait un certain Docteur Radar, un mystérieux et dangereux individu…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
10 ans après, l’intriguant Ne touchez à rien, le duo Bezian/Simsolo se reforme. Cela faisait pas mal de temps que les deux compères, fans de l’ambiance polar-fantastique et des années folles, souhaitaient retravailler ensemble. Simsolo a donc sorti de ses cartons un feuilleton radiophonique écrit pour les ondes de France Culture, Docteur Radar, une aventure de Ferdinand Straub (en souvenir d’une de ses lectures préférées, Les exploits de Radar). Ce bel hommage à Fantômas (le Docteur Radar excelle aussi dans l’art du déguisement) nous replonge dans l’univers surréaliste de la première moitié du XXème siècle, une époque formidable où les progrès de la science et les découvertes de tout ordre se mêlent à une insouciance générale. On retrouve ici ce climat teinté d’absurde et de bons mots dans les textes de Bézian : « Le docteur a donné des ordres. Ah ouais ? J’aimerais bien voir un jour sa tête, au chef ! Moi, pas. Tous ceux qu’ont essayé en sont morts. ». Le scénario de Simsolo possède une vraie dimension cinématographique, avec sa science du rebondissement. Il multiplie les références à cette époque de l’Entre-deux-guerres : Rutherford, le père de la physique nucléaire, Erich Von Bauer, hommage à l’acteur Erich von Stroheim… Une narration simple et efficace ! Comme toujours, le graphisme si particulier de Bézian interpelle. Il faut toujours quelques planches d’adaptation pour rentrer dans son univers. Mais une fois qu’on y est, c’est un régal. On en prend plein les mirettes (un vibrant hommage graphique aux années 20 : Bauhaus, les décors de Fernand Léger, l’expressionnisme). Son trait très crayonné et ses couleurs toutes en nuances offrent un dynamisme remarquable à l’ensemble (la séquence d’intro en train et la poursuite finale). Son personnage de Docteur Radar est un mix des plus grands méchants : Fantômas (roman-feuilleton), Docteur Mabuse (cinéma) et Olrik (BD). Notons que pour les inconditionnels de Bézian, Glénat propose une édition collector limitée à 1 000 exemplaires, en noir et blanc, avec un cahier graphique. L’édition classique est néanmoins suffisante pour apprécier la virtuosité graphique de Bézian.