L'histoire :
Le commandant Lewis se réveille dans son sarcophage d’hibernation, avec son corolaire nauséeux. L’IA Delta à bord du vaisseau les a réveillés, lui et son second, car ils ont sévèrement dévié de leur trajectoire. Ils vont devoir comprendre où ils sont et ce qui leur arrive… Bien plus tard, à une époque future et post-apocalyptique sur Terre, la belle Druuna attend son amoureux, Kartes, parti faire son check-up mensuel. Pendant ce temps, des milices visitent les appartements des miséreux pour vérifier qu’ils ne cachent pas de livres, des objets strictement interdits par les prêtres, en ces temps obscurantistes. Evidemment, deux bourrins la surprennent à une rambarde et ils sont aussitôt émoussés par ses atouts féminins extrêmes. Ils la fouillent en la palpant bien, puis l’obligent à se déshabiller. Ils la violent à deux… avant qu’un troisième milicien intervienne. Jock exige de ses deux subordonnés qu’ils laissent Druuna tranquille et il leur demande de rejoindre les autres. Il lui promet qu’ils seront puni et propose à la belle de l’aider, si un jour elle en a besoin. Quand Kartes rentre enfin de son check-up, Druuna a logiquement besoin d’un gros réconfort. Ça tombe bien, il leur reste un lit avec des draps dans leur appartement corrodé de rouille et traversé par des tuyauteries industrielles…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En préambule, Paolo Serpieri, créateur de la sexy Druuna en 1986 (dans Morbus Gravis), adoube cette nouvelle série parallèle et en annonce la couleur. Lui est bel et bien au travail sur le tome 10 de sa série culte, depuis plusieurs années et pour encore quelques années (Serpieri a 78 ans). Cette série annoncée en trois tomes, scénarisée par son compatriote Alessio Schreiner et dessinée par Eon, est une sorte de préquel destinée à renforcer les bases de cet univers de science-fiction et donner aux fans de quoi patienter. Ça commence donc par une mystérieuse séquence de trois pages, dans laquelle l’équipage d’un vaisseau spatial se réveille de son hibernation. Il faudra sans doute attendre les prochains tomes pour comprendre en quoi cette parenthèse se raccroche à la destinée de Druuna… qu’on retrouve aussitôt ensuite, avec tous les charmes naturels qui ont fait sa renommée. Car s’il n’est pas aussi puissant que celui de Serpieri, le dessin d’Eon est tout de même de sacrément bonne facture. Druuna demeure cette incroyable bombasse sexuelle, qui tranche radicalement avec le sordide de son environnement. Jean’s moulant, T-shirt trop court pour sa plantureuse poitrine : oui, c’est bien Druuna, qui affole la gente masculine, et qui fait rien que d’être violée par des paramilitaires moustachus. L’environnement dystopique est également respecté, avec une civilisation humaine en totale faillite : déliquescence économique, altérations biologiques, obscurantisme religieux, totalitarisme politique… Les trop rares décors, à travers lesquels Druuna et son dreadlocké amoureux en Perfecto fuient l’ordre établi, sont des ruines industrielles, des enchevêtrements de tuyauteries percées, des gravats… Là encore, on est raccord. Schreiner se contente de décliner les fondamentaux et d’y faire avancer ses protagonistes sans trop de ligne directrice préalablement définie, sans se préoccuper de la psychologie des personnage, en ponctuant le tout de rencontres incertaines et de scènes très chaudes. La série-mère n’est d’ailleurs pas plus aboutie sur les plans narratif et psychologique : le contexte de SF crasseux et post-apocalyptique a toujours été un prétexte et un révélateur pour y mettre en scène son antinomie : la volupté féminine, le désir absolu de la chair, le galbe parfait de paires de fesses à se damner. S’il nous reste plein de Druuna après l’apocalypse nucléaire, ça fera peut-être passer la pilule.