L'histoire :
En 1920, le gouvernement soviétique approuve le programme YM. Sous la tutelle du professeur Aleksy Louzhin, ce projet a pour objectif de mettre la main sur des personnes aux capacités exceptionnelles : des agents parapsychiques. Ces individus possèdent différents dons, tels que la télépathie, la télékinésie ou encore le contrôle des émotions. L’étude est simple : répertorier tous ces individus aux caractéristiques hors normes et tenter de comprendre d’où peuvent bien provenir lesdits pouvoirs. Or suite à la découverte d’individus pour le moins incontrôlables, le programme est définitivement clos et son créateur est envoyé au goulag de Vorkouta, accusé d’être un opposant politique. Mais l’ombre d’une guerre pousse le gouvernement à réactiver dans le plus grand secret ce projet. Interrogé et réquisitionné par les services secrets, Louzhin va devoir retrouver son agent le plus prometteur : une jeune fille aux capacités psychiques et de destruction sans limite.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avec un postulat de départ extrêmement alléchant, le premier volume de Dusha est malheureusement une douche froide (désolé pour le jeu de mot). Francisco Ruizgé, au scénario et au dessin, utilise un fait historique réel : celui de la recherche d’agents parapsychiques pendant la guerre froide pour mener le combat sur un front inédit. Or passée une introduction nous présentant l’instigateur de ce programme, l’histoire s’encombre de sous-intrigues susceptibles de perdre le lecteur, avec la présentation d’une gloire de la boxe soviétique. Le reste du récit est une succession d’aller et retour dans le présent, où nous est présentée la genèse du programme YM, ses avancées et son échec. Il est dommage, même si nous avons conscience de son statut de premier volume – donc par définition introductif – de s’écarter du postulat principal de la recherche d’enfant soldat parapsychique pour se perdre dans un discours patriotique sur l’importance de la représentation du sport. Même si nous pouvons nous douter que le sportif en question est d’une manière ou d’une autre lié au destin de l’un des enfants, il est malheureusement ici un détail encombrant à la bonne compréhension du récit qui, par moments, peut s’avérer un peu chaotique à suivre avec son principe de flashbacks et de flashforwards. Toutefois, cela n'entache en rien le potentiel de la série qui s’avère prometteuse, à condition que l’auteur s’engage un peu plus sur la piste du surnaturel et de l’historique. Côté graphique, l’album s’en sort très bien avec une utilisation de la ligne claire, simple mais efficace, et des couleurs sombres, ternes et crasseuses faisant parfaitement ressortir le désespoir, la morosité et la tristesse de cette époque particulière. Petit plus pour la couverture : un bel hommage à l’affiche du The Thing de Carpenter, comme pour signifier que l’étrange est déjà parmi nous, caché aux yeux de tous. Il y a de tout dans ce premier tome de Dusha, beaucoup de bon et de belles promesses qui devront se confirmer dans la suite, mais aussi quelques manqués et arcs narratifs peu convaincants et dont l’utilité pourrait nous échapper. A suivre…