L'histoire :
Pour une soirée costumée organisée par son amie d'enfance Gaya, Francis est déguisé en femme. Un costume élaboré dans les moindres détails incluant une épilation des jambes qui lui assure un certain succès auprès des invités des deux sexes. Avant d'emmener chez lui une jeune femme pour une nuit pleine de surprises, il découvre Gaya affalée dans les toilettes, visiblement droguée, traces d'aiguille dans le bras à l'appui. Une semaine plus tard, il reçoit un faire-part qui le surprend. Il décide de débarquer chez son amie pour lui demander qui est ce Richard Walcott avec qui elle semble vouloir se marier. En l'obligeant à accepter sa présence lors du déjeuner qu'elle a prévu avec Richard ce jour-là, Francis ne sait pas qu'il va mettre le doigt dans un engrenage. Dans la voiture de Gaya se trouve un sac à main rempli de billets de banque qu'il n'était pas censé voir. Le déjeuner n'aura pas lieu, la rencontre avec Richard va être violente, et Francis va prendre la fuite avec son frère.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Jean-David Morvan poursuit l'adaptation des romans de Boris Vian, celui-ci étant paru en 1950 sous le pseudonyme de Vernon Sullivan. Le milieu des trafiquants de drogue américains est combiné avec une ambiance de sexe violent pour donner à cet album un ton très particulier, voire dérangeant. Les deux héros et leurs déguisements féminins sont l'occasion de commentaires très machistes sur la sexualité, avec en outre des scènes de relations forcées avec des femmes lesbiennes. Les personnages sont réellement d'un autre âge à travers leur langage marqué d'une époque révolue – on imagine que Morvan a repris des citations du roman d'origine. La volonté constante des deux hommes de convertir des femmes homosexuelles à leur sexualité semble elle aussi confirmer à quel point ce qui pouvait être provoquant à l'époque semble tout simplement daté aujourd'hui. Le dessinateur argentin Patricio Angel Delpeche exécute son travail avec efficacité et quelques traces de précipitation, mais pour un ensemble quand même percutant. Comme lors du choc entre les deux bateaux, au début de l'histoire. Cette adaptation est, cela dit, à réserver aux fans de l'écrivain provocateur des années 50, Morvan ayant le mérite de rester a priori fidèle à l'esprit de ces romans policiers très particuliers.