L'histoire :
Rock est un très beau jeune homme qui avait envie ce soir-là de passer la soirée dans un bar de Los Angeles, en compagnie de son copain Gary. Sourires éclatants et silhouettes athlétiques, les deux hommes attirent les regards féminins et sont en très bonne compagnie. Rock se fait très vite aborder par une jeune femme brune appelée Sunday Love, qui lui demande sans scrupules de l'emmener ailleurs. Il décline car contrairement aux apparences, Rock a une philosophie personnelle sur le moment propice pour démarrer sa vie sexuelle, et ce moment n'est pas encore arrivé. En prenant l'air sur le parking, il se fait aborder par un inconnu qui l'assomme d'un coup sur la nuque. Il se réveille complètement nu sur un lit, dans un appartement fermé à clés, une très belle femme blonde grimpe sur le lit, nue elle-aussi. Mais Rock refuse ses avances, il ne comprend pas ce qui lui arrive. D'étranges infirmiers pénètrent dans sa chambre, il est assommé à nouveau, et un appareil est installé sur son sexe pour ce qui ressemble à un prélèvement. Il reprend connaissance sur le bord d'une route, habillé de son costume de la veille au soir, hèle un taxi et se fait déposer au Ciro's, le bar où tout a commencé. Il y retrouve Sunday Love, et un cadavre tout frais écroulé dans la cabine téléphonique.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nouvelle adaptation d'un des polars écrits par Boris Vian sous le pseudonyme de Vernon Sullivan, celle-ci est probablement la plus contemporaine dans son propos, avec cette étrange histoire qui arrive à Rock juste parce qu'il est très beau. On n'en dira pas plus à ce stade car les surprises sont nombreuses dans cet album qui se lit comme une vraie intrigue policière, conduite avec légèreté par des personnages aux attitudes superficielles. Jean-David Morvan accentue délibérément avec un certain second degré la mise en avant de la plastique des personnages masculins, et leur conserve un sourire aux lèvres permanent plutôt communicatif. Le dessinateur Ignacio Noé impressionne par sa découpe de l'anatomie des corps, influencé par les américains Howard Chaikin ou Gil Kane et leur sens du mouvement. La scène dans le bar qui ouvre le livre est impressionnante de fluidité, les pas de danse sont rendus avec une élégance naturelle épatante. Plus tard dans l'album, les scènes choc sont percutantes et détaillées, toujours à la manière de grands noms du comics. Des quatre adaptations de Vian, celle-ci est probablement la moins dérangeante, le sens de la provocation y est plus contenu que dans Elles se rendent pas compte, par exemple. Combinée avec une partie graphique de haute volée, c'est une lecture agréable si l'on n'y cherche pas de références inutiles ou de sens caché.
