L'histoire :
Juan Cortes est un mercenaire. Il vend ses services au plus offrant, sa réputation dépasse les frontières. Lorsqu'il arrive dans l'aéroport de la capitale du Santa Costa, petit pays d'Amérique du Sud, il sait déjà qu'il doit prendre ses précautions pour semer d'éventuels espions qui l'auraient repéré. Il prend la direction des opérations à la grande surprise de son contact, la jeune femme qui l'accueille à la sortie du terminal. Elle découvre qu'il avait organisé son arrivée, et que des véhicules banalisés étaient prévus pour qu'il puisse se fondre dans l'anonymat. Il apprend avec elle, en rencontrant un universitaire acquis à la cause révolutionnaire, que le tantale, un minerai récemment découvert dans les montagnes au nord du pays, bouleverse la donne économique. La junte au pouvoir s'oppose à l'héritière de l'ancien dirigeant assassiné, tandis que Juan est engagé pour aider le parti révolutionnaire qui défend la cause des ouvriers et des indigènes. Très rapidement, on lui fait comprendre qu'il faut assassiner le président Di Stefano. A priori, rien de bien compliqué, surtout que de belles sommes d'argent sont au rendez-vous. Mais quelque chose remonte dans sa mémoire dans ce petit pays qui lui rappelle son enfance. Des images de la petite ville d'Esperanza, les chars d'assaut dans les rues de la ville où il jouait au foot...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si on n'est pas sensibilisé à l'univers du jeu vidéo éponyme, Far Cry est un album d'aventures assez classique, avec un personnage à la fois cynique et attachant pour ses faiblesses cachées. Juan Cortes en est le héros, il ne va pas tarder à découvrir la complexité de la mission qui lui a été confiée, et rencontrer une galerie de personnages bien typés. Les surprises s'enchainent à un rythme soutenu. On passe d'un décor à l'autre et c'est carrément dépaysant. La petite touche de souvenirs qui refait surface apporte un vrai plus, elle annonce les retournements ou en tout cas les effets de surprise à venir. Tout est construit comme une BD très classique, les dessins d'Afif Khaked er Salaheddine Basti sont réalistes et nerveux, dans le style efficace des fumetti italiens, avec une pointe de second degré dans les attitudes. Mathieu Mariolle livre un scénario fourni, bénéficiant de plus de 80 pages, de quoi construire un one-shot dense, qui prend le temps de monter en puissance. Cela dit, on reste dans un projet aux dimensions marketing évidentes. Il s'agit de faire découvrir l'univers d'un jeu vidéo mondialement célèbre à un nouveau public, ou d'étendre ce concept à succès vers d'autres médias. Un petit moment d'aventures plutôt sympa et bien fait, sans grand rapport avec une expérience de jeu... mais c'est tant mieux. Et de toute évidence, la possibilité de remettre le couvert si le succès est au rendez-vous.