L'histoire :
Le règlement de Montoya : Un grand type maigre, aux allures de tueur, pénètre au Pulperia, le bar tenu par Montoya l’espagnol. Il pose son flingue sur le comptoir et, tout en restant à portée, il demande des précisions quant à la mort de son frère Nico, En effet, la veille au soir, ce dernier avait été un peu violent envers une femme. Au point que le tenancier, Montoya, a dû utiliser sa carabine. Montoya reste muet sur ce qui s’est passé. De toute façon, deux hommes, les Lupasky, attendaient le frère de Nico pour lui régler son compte. Or Montoya a un règlement bien à lui…
Grappa : Toujours chez Montoya, un vieux pilier de bar demande à ce qu’on lui serve de la Grappa. La bouteille que lui sort Montoya est inconnue de son vaste registre. Tandis qu’il s’engloutit plusieurs verres, le vieux ignore que cette bouteille a une histoire… tragique. En effet, quelques jours plus tôt, deux mafieux étaient venus rendre visite à un producteur de grappa, pour obtenir l’argent qu’il leur devait. La discussion avait très mal tourné. La fille, Julieta, avait été violée et le producteur tué, noyé dans sa cuve à raisin. La famille avait alors tenté de sauver la récolte en mettant en bouteille de la grappa et en allant la planquer. Hélas, une grève était venue perturber ce plan…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour les rares non-anglophones, Far South signifie « loin au Sud ». Or ce Sud lointain nous vient plutôt d’un pays hispanophone, l’Argentine, c’est-à-dire le milieu rural de la Patagonie, aride et sauvage, dans les années 30 où évoluaient les gauchos (cow-boys) et les mafieux. L’ambiance est donc plutôt celle du western et de la prohibition américaine. Le scénariste uruguayen Rodolfo Santullo a écrit une sorte de récit chorale, composé de différentes scènes en autant de chapitres. Le point central de tous les règlements de comptes et assassinats sordides et sans scrupule, est le bar de Montoya, un espagnol taciturne qui a des principes avec lesquels il ne tergiverse pas. Tous les fieffés personnages qu’on croise ont des idées de coups foireux qu’ils s’emploient à mettre en application ; et ils redoutent le pire tueur de tous, Carpincho Lopez, sans doute chimérique, équivalent au Croquemitaine des enfants. Ces sketchs sont tous sordides. Dans ce milieu de mafieux violents, on viole et on descend les hommes comme on descend les verres de grappa. Mais la principale plus-value de cet ouvrage de la collection Grindhouse de Glénat vient du dessin de l’argentin Leandro Fernandez, à l’encrage clair-obscur très contrasté. Son trait semi-réaliste est à la fois juste, élégant, virtuose, équilibré, quelque part entre les styles de Jordi Bernet (Torpedo) et de Brüno (Tyler Cross).
