L'histoire :
Nous sommes en juillet 2011, quelques mois seulement après l'accident de la centrale nucléaire de Fukushima. Une commission d'enquête interroge Masao Yoshida, le directeur de la centrale au moment des évènements. Il commence ses questions sur la journée du 11 mars, juste avant les tremblements de terre et le tsunami qui allaient tout déclencher. Yoshida raconte alors la mise en place de la cellule de crise dans le bâtiment antisismique, et la communication qui s'établit avec les dirigeants de Tepco, l'entreprise qui exploite Fukishima Daiichi. Les trois réacteurs en service ont été automatiquement arrêtés aux premières secousses, comme prévu en cas d'urgence. Il reste maintenant à poursuivre leur refroidissement. Mais la vague du tsunami n'a pas encore déferlé sur la centrale en bord de mer. Beaucoup plus haute que la digue de protection, elle va inonder le site, et noyer les générateurs diesel indispensables pour la suite des opérations. A l'intérieur du bâtiment, on passe d'un scénario maîtrisé à un saut dans l'inconnu. Il faut faire venir des camions électrogènes pour remplacer les générateurs et activer les dispositifs de sécurité. Sans électricité, impossible également de connaître le niveau de pression dans les cuves des réacteurs, ni le niveau d'eau résiduelle. Il faut donc par tous les moyens s'approcher des équipements pour évaluer la situation. Pendant ce temps, les écrans de télévision montrent les images de populations évacuées suite au séisme. Les employés s'inquiètent pour leurs proches. Des niveaux de radioactivité élevés sont détectés à proximité du premier réacteur. Il est visiblement endommagé, il faut envoyer une équipe de choc pour aller actionner les vannes de dépressurisation manuelles.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l'approche de la date anniversaire du terrible accident industriel, voici le deuxième album sur le sujet, avec une approche totalement différente de Naoto, le Gardien de Fukushima qui parait parallèlement. Ici, on se trouve à l'intérieur de la centrale, avec les équipes qui se battent pour éviter le pire, quand l'autre album nous plaçait du côté d'un habitant de la région, qui avait refusé d'évacuer sa maison. Le témoignage du directeur de la centrale devant une commission d'enquête illustre la difficulté de gérer l'urgence en cours, tout en recevant la pression des politiques et de la maison mère. Masao Yoshida est le personnage principal de ce suspense de plusieurs jours. Debout au milieu de ses équipes, il anime une cellule de crise qui encaisse les coups à chaque nouvelle explosion de réacteur. Et il y en aura trois ! Devant les enquêteurs, il semble avoir conservé intacte sa colère face aux multiples conseils reçus de l'extérieur lors de la gestion de la crise, dont certains semblaient surtout vouloir protéger ceux qui les émettaient plutôt que les hommes et les femmes au plus près du danger. Le récit est plein d'héroïsme, les employés en uniforme sont volontiers présentés comme des commandos prêts à risquer leur vie. Même s'il faut passer un peu de temps dans le dossier en fin d'album pour comprendre le scénario précis des accidents, le suspense est intense et mis en scène pour tenir le lecteur en haleine. Le dessin réaliste et spectaculaire de Roger Vidal contribue à cette atmosphère de film catastrophe. Les auteurs réussissent à nous en apprendre beaucoup sur un accident industriel complexe. Ils le font en romançant délibérément certains moments, et rendent cette lecture captivante et terriblement réaliste. Terrifiant et palpitant, revoir les vidéos de la chaine NHK qui montrent l'explosion du réacteur numéro 1, prend un sens totalement différent après le témoignage de Masao Yoshida.