L'histoire :
Un train infernal arrive à son terminus : la glorieuse cité de l'ordre. Sous les vociférations d'un geôlier géant en armure, des innocents enfants en descendent, enchainés. On les conduit à travers les couloirs sordides d'un centre d'expérimentation, jusqu'à une salle où ils enfilent des blouses. L'ignoble et vieux docteur Zmurder supervise les opérations, en compagnie de la douce et jeune docteur Wellan. Wellan ignore la nature des expériences de Zmurder : elle se borne à appliquer et à contrôler les protocoles scientifiques qui lui sont imposés. Elle fait néanmoins de son mieux pour qu'un maximum d'enfants puissent être « aptes » aux tests, car elle sait que les exclus repartiront en train pour leur ultime voyage... Ce jour-là, des sœurs jumelles n'entrent effectivement pas dans les normes. Mais elles montrent aussi quelques dispositions paranormales et parviennent à se mêler aux autres, avec la complicité de Wellan. Zmurder est pourtant satisfait du travail de Wellan et l'invite le lendemain, à assister à une expérience. Visiblement, il s'agit de faire fusionner le métabolisme d'un enfant avec celui d'un cheval pur-sang : c'est ainsi que l'Ordre créer une race nouvelle capable de l'aider dans ses velléités hégémoniques...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Largement allégorique, le contexte de Geminis panico appartient à une fantasmagorie apocalyptique un brin manichéenne. Dans un univers parallèle tourmenté, un empire hégémonique et despotique presse des scientifiques à réussir des expérimentations génétiques effroyables. Pratiquées sur des gentils petits enfants tout mignons, les croisements zoomorphiques qui en résultent font penser à ceux qui surviennent sur l'île foraine de Pinocchio... mais la comparaison s'arrête là. Pour le moment, Geminis Panico stigmatise plutôt l'image du régime totalitaire et cible la création d'un « nouvel être », bien qu'on ne voit pas trop en quoi cela peut servir la suprématie de cet Ordre. Une gracieuse et jeune doctoresse, trop ingénue pour être crédible, se partage le statut de grain de sable dans l'engrenage avec des sœurs jumelles aux pouvoirs psy terriblement pratiques. Tous deux globalement crédités au scénario, au dessin et à la couleur, les auteurs Robert Cepo et Stéphane Martinez prennent donc le parti de l'emphase, aussi bien pour les fondations de cet environnement monstrueux, que pour les dialogues, la psychologie des personnages et surtout la partition visuelle. Infographique, fastueuse, mélangeant textures, compositions photoshopisées et baignant le tout de teintes ocres, glauques et sanguines, le résultat est tout à la fois brillant, composite et inégal. Ce dessin étonnant et théâtral est néanmoins le meilleur atout de cette mise en bouche, qui pâtit surtout d'un propos de fond un peu creux...