L'histoire :
Goran Stankovic est un homme au fond du trou. Séparé de sa femme et ayant la garde de sa fille, il perd son boulot avec effet immédiat. Sans revenus financiers pour faire vivre sa famille, il erre dans la cité à la recherche d’un petit job. Posant peu de questions, il enchaîne les petits boulots qui paient mal. Après quelques jours à s’épuiser pour quelques euros, il prend contact, grâce à un intermédiaire, avec des gros bonnets de la drogue. Son job : le « Go Fast », c'est à dire la livraison de colis à bord d’un véhicule rapide, sans poser de question. Cela tombe bien, Goran parle peu. Au même moment, Alex Lemaitre de la police judiciaire qui a eu vent de la livraison, a organisé un guet-apens pour mettre la main sur 120 kg de Shit. Quelques secondes après avoir mis le contact, la portière du côté conducteur s’ouvre brusquement, un groupe d’hommes encagoulés et armés l’extirpe du véhicule. Encore groggy par la surprise, Goran ne bouge pas. Il se retrouve allongé au sol, les mains menottées dans le dos au milieu du groupe d’intervention de la police judiciaire. Après une garde à vue prolongée, Alex Lemaitre propose un marché à Goran : il lui évite la prison et en contrepartie, il devient son indic...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le lecteur va suivre la descente aux enfers de Goran Stankovic, un chauffeur-livreur qui perd son permis et se retrouve sans travail. Papa célibataire d’une petite fille, il va tremper dans le trafic de drogue pour survivre. Malheureusement, comme le souligne très justement le policer en charge de sa garde à vue, Goran a « une tête qui plait au malheur ». Les auteurs traitent du sujet de « la délinquance par nécessité », tout du moins au début du récit. Evidemment, notre « Huggy » des cités n’est pas né de la dernière pluie, il va vite se rendre compte que ses « bons » tuyaux rapportent beaucoup. C’est d’ailleurs un focus intéressant que proposent les scénaristes : l’enrichissement personnel ou encore l’établissement de petits commerces parallèles en échange d’infos sur les « tontons ». Une vie de balance, avec la peur au ventre d’être découvert et la pression policière pour donner des informations. C’est un choix avec lequel certains s’épanouissent et montent des « business » sous protection policière. Le scénario sans fioriture, dans un style urbain, est appuyé par Henri Scala, un commissaire de la police nationale depuis plus de 20 ans sous anonymat. C’est d’ailleurs cet homme de l’ombre qui donne toute la crédibilité au scénario. A cela, Mark Eackersall, co-scénariste et réalisateur, démontre toute son expérience de la mise en scène cinématographique. Le dessin de Marion Mousse (Frankenstein chez Delcourt ou Brune Platine aux éditions Casterman), semi réaliste et plutôt épuré, fonctionne très bien avec ce registre narratif qui va à l’essentiel. Ainsi, ce one shot de 200 planches, au scénario très bien ficelé, réalisé par un duo inédit réalisant leur premier album, tiendra le lecteur en haleine et le plongera sans ménagement dans les coulisses des « belles prises » de la police judiciaire.