L'histoire :
A Londres, en 1888, un mystérieux criminel tue des prostituées à la chaine, avec une rare sauvagerie. Coiffé d’un chapeau haut-de-forme, accompagné de son valet Netley, cet assassin accomplit un dernier crime, puis s’embarque sur un navire à destination du nouveau monde. Scotland Yard prévient alors le cabinet de détectives Pinkerton, de Chicago, de la fuite du serial-killer pour le continent américain. L’affaire est alors confiée à Charles Siringo, flic fraîchement débarqué du Texas, aux allures proches du cow-boy. Dès sa prise de fonctions, ce dernier fait la connaissance d’une charmante secrétaire, Hélène, qu’il décide de courtiser un peu frontalement... A cette époque, une exposition universelle se prépare à Chicago. Dans le quartier d’Englewood, Henry Herman Holmes, escroc à la petite semaine, trouve à s’acheter une conduite : s’appuyant sur une large culture médicale, il devient assistant dans la pharmacie de Mme Holden. Mais dans l’ombre, Holmes est nettement moins vertueux. Sous couvert de savantes concoctions dont il a le secret, il assassine petit à petit le pharmacien, puis sa femme et s’attaque ensuite à la propriétaire du terrain d’en face…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bien que l’action se déroule en partie dans le Londres victorien, ce « Holmes » là n’a pas grand-chose à voir avec le Sherlock éponyme. C’est même juste tout le contraire, puisque cet homonyme, de son vrai nom Herman Webster Mudget, est en fait le premier serial killer de l’histoire moderne des Etats-Unis, exporté d’Angleterre et pendu en 1896. Judicieusement, le premier épisode de ce thriller didactique est sorti le 6 juin 2006 (le 6.6.6., le nombre du diable, sur l’apparence duquel sont maquillées les initiales h.h.h. du titre). Cette assimilation satanique trouve un écho dans le regard démoniaque de cet anti-héros, lorsqu’il calcule ses crimes. Cadavres éviscérés, assassinats à la pelle… L’ombre de Jack l’éventreur plane donc sur le scénario d’Henri Fabuel, qui s’appuie astucieusement sur les standards du genre. Le travail graphique de Fabrice Le Hénanff est énorme et le résultat plutôt enthousiasmant. Le dessinateur a réalisé la quasi-totalité des planches à partir d’un papier de couleur sombre, ce qui lui permet d’insister sur une atmosphère pesante, un sentiment d’enfermement. Pourtant, cette opacité obscure et omniprésente n’aide pas toujours à distinguer les protagonistes et oblige à une lecture attentive. De même, les brusques ellipses temporelles ont parfois tendance à embrouiller une narration, qui s’appuie néanmoins sur une ambiance très efficace. Ces petits défauts seront certainement gommés sur les prochains tomes…