L'histoire :
Héloïse de Montfort et ses compères mercenaires se trouvent dans un port italien, où ils fomentent un nouveau coup. Le balafré a en effet déniché un plan pour que chacun, séparément, se fasse recruter un bon prix en tant qu'escorte auprès de riches commerçants sur le départ. Par un curieux hasard, plusieurs bourgeois de la ville s'apprêtent en effet à embarquer pour l'orient, à bord de la même caravelle, afin de toucher un fabuleux héritage. Héloïse n'est guère enthousiasmée par cette présentation des choses, qu'elle trouve suspecte, mais elle accepte toutefois. Le soir même, dans une taverne, elle a l'occasion de montrer ses talents de combattante, en humiliant un colosse devant Fabri, un gros négociant en étoffes et en épices. Le lendemain, Fabri embarque donc avec sa femme, ses enfants et Héloïse, qu'il présente au capitaine comme étant sa cousine. Héloïse constate que Clément et le balafré sont à bord : ils ont eux aussi réussi leur embauche. Mais elle est surprise d'y trouver également Aznar et Jakobus, eux aussi servant d'escorte à des marchands. Les commerçants s'étonnent quant à eux de se retrouver tous ensemble à bord de la même expédition. Enfin, Héloïse croise à plusieurs reprises dans la cale une jeune et fantomatique aveugle. A chaque fois, l'adolescente lui conseille de quitter le bord et disparaît...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le principal intérêt des aventures « historiques » vécues par Héloïse de Montfort vient de ce qu'elles ne ressemblent à aucune autre. Le scénariste Richard Marazzano pioche quelques grandes figures et situations parmi les images d'Epinal – des mercenaires par-ci, une mutinerie par-là – et mélange le tout? en prenant soin de se tenir à distance des archétypes. Il commence cette fois en remixant le mythe du navire-fantôme puis, à mi parcours, après le climax d'un naufrage spectaculaire, il envoie ses protagonistes dans un territoire ésotérique, un « infra-monde » où les contraintes terrestres n'existent plus. Le contexte initial de la Renaissance satisfait donc aux fondamentaux de la collection Vécu de Glénat, mais le récit s'en détache largement pour s'aventurer sur les terres fantastiques. Néanmoins, l'atout de l'originalité est aussi sa limite : les protagonistes traversent leur épreuve ésotérique sans avoir beaucoup de prise sur elle, en tentant d'établir sa cohérence et ses repères. L'action s'éteint alors subitement et laisse place aux conjectures et aux palabres, dont un flashback moyennement convaincant. Le dessinateur espagnol Alfonso Font, en vétéran du 9ème art, déroule quand à lui son savoir-faire graphique alliant la spontanéité d'un trait semi-réaliste, un peu brut, à la justesse de la mise en scène.
