L'histoire :
Au milieu d’une nuit étoilée, dans un désert de Palestine, il y a environ 2000 ans. Discrètement, sans se faire remarquer du bédouin qui dort sous sa tante, une jeune femme super sexy détache un homme crucifié, entre la vie et la mort. Elle lui donne un peu d’eau d’un puits, le soigne un minimum et s’enfuit avec lui en ravageant la tente du bédouin. L’homme, un dénommé Gaspard, est épaté par cette fille venue de nulle part, qui semble commander aux chevaux. Plus loin, ils sont rejoints par deux autres nomades amis, Lahrsen et Driss. Très excité par la demoiselle qui a les jambes à l’air, Lahrsen demande tout de même quelques explications. Très calme, celle-ci se lance dans un long et incroyable récit. Elle n’est pas humaine et elle a été envoyée par son créateur pour dénicher le meilleur père possible à l’élu d’une prophétie. Il y a quelques jours, elle avait croisé deux sages qui faisaient route auprès d’une cohorte de romains : le géant Balthazar et le nabot Robert. Ils avaient aussitôt perçu en elle un être hors du commun…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Vétéran du 9ème art, Michel Faure est souvent là où on ne l’attend pas, toujours dans une veine artistique d’excellence. Le voilà aujourd’hui qui nous raconte la nativité (carrément), à travers un récit à la fois étonnant et culotté. D’une part, son splendide dessin, très sérieusement réalisé à la peinture à l’huile, pourrait laisser croire à une interprétation pieuse ou dogmatique du mythe chrétien. Que nenni ! Rapidement, le ton décalé s’impose, léger pour ne pas dire « fun », entièrement bâti sur un long flashback entrecoupé de digressions potaches. La recette sucré-salé de Faure s’appuie sur un mélange inédit des genres : des tronches caricaturales (Robert !), des échos fantastiques dignes des X-files (« Je ne suis pas une créature née de la Terre », des traits d’humour à contre-emploi (la relation douteuse entre Moussouf et Rachel), des développements inopinées (Melchior se tape l’ange…). Et malgré tout, le récit demeure relativement respectueux du mythe religieux et de son sens moral, sauf peut-être pour les indécrottables puritains (qui comptent pour du beurre). Un joli tour de force ! De fait, ces 200 planches (tout de même !) se dévorent littéralement, avec grand bonheur !
