L'histoire :
En 1789, la famille de John Tanner s’établit dans une cabane abandonnée, sur une terre défraîchie, à proximité de la Rivière Ohio, dans la région américaine des grands lacs. Il a 9 ans, un père austère, fermier et pasteur, une belle-mère affairée à tenir le foyer, une grande sœur qui le déteste, un grand frère en âge d’aider le père, un petit frère qui braille, et deux boys noirs. Un jour, son père et son frère s’éloignent pour labourer et semer un bout de terrain légèrement éloigné de leur maison. Le père conserve toujours son arme à la main et le regard scrutant les alentours, méfiant vis-à-vis des indiens qui peuplent la région. Il est demandé à John de rester sagement à la maison, avec les femmes et le petit. Mais John fugue pour cueillir des noix. C’est alors qu’il est bâillonné, entravé et kidnappé par deux indiens qu’il n’a pas vus venir. Les indiens l’emmènent, le chargent dans leur canoë et s’éloignent sur l’Ohio. John ne le sait pas encore, mais il est prisonnier d’un voyage qui durera plusieurs semaines et il ne reverra jamais sa famille. John est volontairement affamé, blessé aux pieds et il pleurniche. Cette faiblesse de tempérament agace le plus vieux des indiens, baptisé Manitugeezik, qui le traite avec rudesse. Au terme de leur voyage, John comprend le sens de cet enlèvement : la femme de Manitugeezik a perdu un fils et John doit le remplacer dans son cœur. Mais Manitugeezik a définitivement pris John en grippe…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Cette histoire en terres indiennes est une histoire vraie. Éduqué enfant dans une famille de pasteurs blancs, à la fin du XVIIIème siècle, John Tanner a réellement existé. Il a été enlevé par des indiens Ojibwe à l'âge de 9 ans puis il a passé 30 ans en leur compagnie, avant de devenir un relais utile entre les deux cultures (guide, traducteur). De fait, la présente biographie a beau être romancée par Christian Perrissin, elle suinte d’authenticité et appartient plus au registre du récit d’aventure, voire anthropologique chez les natifs, qu’à celui du western. La narration se dévoile essentiellement à travers des encadrés narratifs, dans lesquels Tanner raconte son destin tourmenté et ses différents périples à la première personne. Le lecteur qui n’aura pas lu le court dossier en prologue découvrira à la p.67 (sur 78 planches que compte ce premier tome) qu’il raconte cela à un ami chirurgien, Edwin James, qui deviendra en quelque sorte son biographe. Au texte soigné de Perrissin, se complètent les magnifiques dessins de Boro Pavlovic, son inséparable tandem sur El Nino et les Monroe. Evidemment, la région des grands lacs américains regorge de panoramas somptueux et les apparats de la culture indiennes ne sont pas en reste (tenues, habitats, faciès burinés…). Cet incroyable destin force l’immersion.