L'histoire :
Au crépuscule de sa vie, l’acteur Johnny Jungle perd un peu la boule. Son état psychologique l’a mené à l’alcool et à la déchéance, au point qu’il est interné dans une clinique privée d’Acapulco pour acteurs, d’où il essaie sans cesse de s’évader. Il se souvient pourtant de sa rencontre et de son amour pour Jane, qui l’a sorti de la jungle où il avait grandi. Il avait doublement rencontré la gloire, aussi bien en tant que champion de natation qu’acteur pour toute une série de films d’aventures se déroulant dans la jungle. La pression de l’acteur et les rencontres galantes avaient pourtant mis sa relation avec Jane à rude épreuve. Il avait essayé des tas de choses un peu dingues pour sauver son couple, comme offrir une girafe à Jane. Jane avait plutôt envisagé de faire un enfant… Or comme Johnny était persuadé d’être né dans la jungle, il pensait qu’un enfant ne se trouvait que dans un bateau échoué sur un bras d’Amazone ! Il était donc retourné dans la jungle avec Jane pour trouver une enfant. Il y avait renoué avec sa nature et son ancienne famille. Et l’impensable s’était produit : ils avaient trouvé un bébé dans la carcasse d’un avion échoué. Toutefois les temps changeaient : la seconde guerre mondiale mettait à mal l’industrie hollywoodienne…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est un classique narratif : le premier tome exhibait la naissance d’une gloire… le second se concentre sur son corolaire : la déchéance. S’il ne précise jamais son nom, ce diptyque focalise évidemment sur la double et extraordinaire carrière de Johnny Weismuller, un athlète-acteur américain (d’origines autrichiennes) qui fut plusieurs fois médaillé d’or en natation (aux Jeux Olympiques de 1924 et 1928) et qui incarna 12 fois Tarzan sur grand écran (entre 1932 et 1948). Or Weissmuller était réellement devenu fou à la fin de sa vie : selon la légende, il s’accrochait aux rideaux de sa chambre en poussant le cri de Tarzan… Le scénariste Jean-Christophe Deveney embrasse donc pleinement le parti-pris de la folie, en ne lui accordant pas une stricte biographie. Et cela convient parfaitement au dessinateur Jérôme Jouvray, qui ne conçoit pas la BD autrement qu’humoristique. Même ponctué d’anecdotes et d’éléments authentiques, cet « hommage » à l’acteur-nageur se découvre donc par le prisme de la fantaisie fantasmée. Né dans la jungle, Johnny y trouve aussi un fils, se bat avec des kangourous et cumule les conquêtes féminines (l’acteur fut effectivement marié 5 fois). Le pathétique inhérent à la vieillesse et à la déchéance rend logiquement ce second opus moins drôle que le premier… et c’est la grande limite de l’exercice, qui se laisse néanmoins apprécier comme un bon divertissement, un zest d’émotions en sus.