L'histoire :
Le soir du 24 décembre, à Séoul. La ville est tapissée d'un épais manteau de neige. Alice est une expatriée française. Elle skype avec sa famille parisienne. Ses parents lui demandent si sa coloc' canadienne l'a abandonnée. C'est juste qu'elle a eu la chance (et surtout l'argent) de pouvoir retourner au pays une petite semaine. Alice est donc seule. D'autant plus qu'en Corée du Sud, Noël se fête entre amoureux... Le moral dans les chaussettes, elle se résigne à sortir. L'appel du ventre... Que ne ferait-elle pas pour une soupe brûlante et bien pimentée ? Au coin d'une rue, elle perd l'équilibre en glissant sur le trottoir givré et percute de tout son poids un jeune garçon. Furieux, celui-ci saigne très légèrement du nez et la menace de faire appel à la Police. La voici quitte à l'inviter à boire un verre de Soju...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le Japon a rayonné partout dans le monde dans les années 80, porté par une nouvelle vague culturelle. C'est aujourd'hui la Corée du Sud qui bénéficie d'un tel engouement. « L'Hallyu », c'est ainsi que se nomme ce renouveau culturel qui accompagne la croissance économique de la Corée du Sud. Elle se caractérise essentiellement par le développement des nouvelles technologies connectées, dont le pays est à la pointe. En terme de culture, le mouvement s'est développé avec une abondante production de séries télévisées et de groupes pop, dont le genre a été qualifié de « K-Pop », ainsi que par l'émergence d'une esthétique bien vite trustée par l'industrie des produits de luxe et le recours à la chirurgie. Christelle Pécout est particulièrement bien placée pour observer ce phénomène et le transmettre à travers sa BD. Native de Séoul et graphiste de formation, elle signe avec K-Shock un récit qui met au premier plan une jeunesse attirée par les lumières du show-biz et de la célébrité, fut-elle éphémère. Si le focus qu'elle consacre à une bande de jeunes peut paraître léger, voire trivial, il permet au lecteur peu familiarisé avec ce pays d'en saisir des traits intéressants des mœurs et mentalités. On ressent ainsi très clairement les tiraillement de cette nation, entre ses traditions et une modernité qui dicte de nouvelles formes de relations sociales. Le seul bémol qu'on formulera est lié à la longueur du récit, qui dilue au fur et à mesure l'intérêt qu'on porte à la réussite artistique de Jae Sun, ce jeune homme pas vraiment destiné à intégrer un Boys Band, mais qui en saisit l'opportunité pour l'argent que cela pourrait lui procurer. Finalement, son sort nous est assez égal et on aurait préféré que l'auteure appuie plus du côté de la sociologie de cette jeunesse sud-coréenne. Malgré cela, cette BD est à l'image de ses protagonistes : assez sympathique et plutôt attachante.