L'histoire :
3 juin 1968. Robert Francis « Bob » Kennedy, le frère de JFK, se confie à un journaliste au bord d’une piscine. Il lui parle de cet été 1936 à Hyannis Port. Ce sont les vacances, les enfants Kennedy jouent au football américain dans le jardin de la propriété familiale. Joseph Patrick « Joe » Kennedy, le patriarche, annonce à Rose, sa femme, qu’il est sur le point d’être nommé ambassadeur des États-Unis à Londres. Il se réjouit de cette opportunité qui pourrait être un tremplin pour les présidentielles. Des ambitions qui seront stoppées net en raison de ses idées isolationnistes. Il pensait que les États-Unis ne devaient pas se mêler du conflit qui sévissait en Europe à partir de 1939. L’attaque de Pearl Harbour l’a écarté de la course à l’investiture. Joseph place alors son espoir sur son fils John Fitzgerald qui vient de se signaler par sa thèse « Pourquoi l’Angleterre dormait » qui a été publiée comme livre et qui s’est vendue à plus de 80 000 exemplaires. Une polémique a émaillé la sortie de l’ouvrage dont il se disait qu’il avait été considérablement aidé par Arthur Knock, un ami journaliste de la famille Kennedy. Ce que réfute Bob. John ne veut pas prendre part au conflit derrière un bureau, mais sur le terrain. Il intègre la Marine et prend le commandement d’un patrouilleur, affecté dans les Îles Salomon. En 1943, le bateau est éventré par un destroyer japonais. Tout l’équipage est porté disparu… Or malgré les blessures et la fatigue, ils sont parvenus à se réfugier sur une île voisine. John tisse des liens avec les populations indigènes et fait preuve d’abnégation. Les secours finissent par arriver. John est décoré pour son acte d’héroïsme mais garde des séquelles de cette aventure : une blessure au dos qui le poursuivra toute sa vie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« JFK ». Ces 3 lettres sont inscrites dans toutes les mémoires depuis ce funeste 22 novembre 1963, à Dallas. La décapotable noire arpente les rues de la ville texane. Aux côtés de sa femme Jackie, John Fitzgerald est assis, saluant la foule qui s’est massée aux abords. Une balle fuse. La tête du Président est touchée. Le sang gicle. Une légende est née. C’est un immense défi auquel s’est attelé Sylvain Runberg accompagné par André Kaspi, professeur d’histoire à la Sorbonne spécialiste des États-Unis. Résumer la vie dense et tumultueuse de John Fitzgerald en 46 planches n’était pas une mince affaire. L’angle d’attaque choisi est de raconter son histoire à travers l’interview de son frère Bob, quelques jours avant son assassinat, alors qu’il se lançait dans la course à l’investiture démocrate. Runberg fait monter la tension du récit à travers des flashbacks qui mettent en lumière l’incarnation des fils Kennedy. Il ne raconte pas seulement la vie de JFK, mais celle d’une famille marquée par le destin. Loin de s’appesantir sur les frasques avec Marylin et compagnie, il se focalise sur la dimension politique de son œuvre dans un monde qui change (la crise de Berlin, l’anti-colonialisme, la crise de Cuba, la fin de la ségrégation, son combat pour la sécurité sociale pour tous, la condition des femmes). Runberg s’en sort brillamment grâce à son sens du suspense, bien accompagné par le dessin sobre et efficace de Damour. Le dessinateur de Pinkerton traduit par son trait, ses cadrages multiples, le souffle nouveau qu’incarnait JFK. Il était un visionnaire, mais la mort a brisé son élan.