L'histoire :
Le royaume d’Astalvik est en grand danger : des hordes Centaures ont franchi la grande muraille et marchent vers la capitale, tandis que sur le front maritime, les Celtes de Mog Ruith gagnent également du terrain. Les circonstances sont telles que le Roi Rilgrid et son frère Sigwald acceptent de museler leurs haines pour s’allier et tenter de vaincre. Très vite, pourtant, l’un et l’autre agissent de leur coté. Conseillé par le sorcier Hilmar, Rilgrid accepte ainsi de constituer une armée de guerriers ressuscités, les Berzerkers. De son côté, Sigwald accepte de faire cause commune avec les Centaures qui lui expliquent la raison de cette invasion : un attentat vieux de 10 ans (la propagation volontaire d’un virus mortel), passé sous silence, qui les avaient soumis à l’autorité du Roi d’Astalvik et pour lequel ils réclament vengeance. Néanmoins libérés, les Berzerkers d’Hilmar deviennent incontrôlables et ravagent le royaume. Tant et si bien qu’ils gagnent la capitale. Pour éviter le massacre de la population, la princesse Elfi (sœur de Rilgrid et Sigwald) décide d’offrir l'asile du château royal (perché sur la branche d’un arbre divin) aux habitants. Rilgrid, hors de lui, refuse violemment le projet. Elfi décide alors de fuir le château, accompagnée de la Reine et des nièces…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce 3éme volet scelle définitivement (?) le sort du royaume d’Alstavik et les destinées des 2 frères ennemis, Rilgrid et Sigvald, au rythme d’une « fantasy scandinave » à l’intrigue certes classique, mais joliment taillée. En particulier, on soulignera le dynamisme du découpage, le souci constant de mettre en scène une épopée « couillue » et surtout l’empreinte visuelle du dessin. Car une 3éme fois, en effet, la partie jouée par Juhzen gifle gentiment. Furieusement élégante, elle confie par exemple une incroyable « noblesse » à chacun des protagonistes du récit (bons ou méchants, bestioles ou démons réunis). Ou encore, elle détaille ses cases avec un double respect : celui de la force émotionnelle (« l’élégante » violence) et celui du contexte scandinave distillé (en une libre interprétation de sa mythologie). Le tout est idéalement confié à une mise couleurs parfaite (parfois, l’informatique, c’est beau aussi !) qui n’est pas étrangère à la « délicieuse » atmosphère proposée. Bref, il serait malhonnête de ne pas admettre tomber sous le charme de cet ensorceleur chinois, dés le premier effleurement. Au-delà, le récit si joliment mis en lumière capte sans forcer son chaland. Sylvain Runberg maîtrise haut la main son contexte. Il entrelace ainsi avec habilité (et « crédibilité ») les différentes mythologies (scandinave, grecque, celte) qu’il manipule pour faire de cette lutte fratricide, à laquelle se superposent diverses invasions, un vrai moment divertissant. Il la joue classique mais sait intelligemment rester simple et abattre ses rebondissements avec justesse. De quoi, en tout cas, vous laisser une dernière fois (à moins qu’il s’agisse d’une fin de cycle…) goûter la perfidie de l’ancien souverain d’Alstavik avec appétit. Puis vous laissez vous repaître de la vengeance des Centaures. Ou enfin, définitivement, admettre que ce borgne de Rilgrid est un gros salaud. Et ce, en évitant les griffes des Berzerkers, les flèches des Celtes de Lug et l’épée assoiffée de Sigvald. Tout un programme !