L'histoire :
En Inde, un grand massacre opposant les prêtresses de la déesse Durga à une horde de vampires s’achève dans le sang, laissant une seule créature en réchapper. New Delhi, 1891. Le duc et la duchesse de Cornouailles arpentent un orphelinat à la recherche d’un enfant à adopter, celui qui deviendra leur unique héritier. Grâce à cet enfant, leur ambition est claire : faire du domaine de Cornouailles, un territoire s’étendant d’un bout à l’autre de l’Empire britannique. Mais cet acte, qu’ils espèrent salvateur, scellera un avenir bien plus sombre… En 1910, à Londres, le corps d’un garçon vidé de son sang est découvert dans une ruelle. Lord Benedict, chef de la mystérieuse brigade de nuit, enquête sur cette affaire terrifiante. Son attention se tourne rapidement vers Kundan, un nouvel agent énigmatique intégré à son équipe sur recommandation de Sir Oliver, proche du commissaire. Les découvertes macabres se multiplient, et les rumeurs d’un démon ou d’une sorcière sèment la panique parmi la population londonienne. Parallèlement, en Inde, une rébellion secoue la couronne britannique, forçant le roi à envoyer Lord Benedict pour rétablir l’ordre. Benedict accepte cette mission à une condition : être accompagné par Kundan, cet homme qu’il pense fiable. Mais Kundan n’est pas ce qu’il semble être. Discrètement, il tisse sa toile, et son dessein apparaît bientôt clair : une vengeance ancestrale, où les trahisons et le sang s’entremêleront pour réveiller un mal ancien. Le combat pour la survie ne fait que commencer, avec le goût du sang sur les lèvres.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
À l’heure où l’iconique Nosferatu revient hanter les écrans (avec Willem Dafoe et Lily-Rose Depp au casting, sous la houlette de Robert Eggers à la réalisation), Kundan débarque chez Glénat pour nous plonger dans une toute autre version du mythe vampirique. Premier tome d’une trilogie, Le Temps du sang fait mouche avec un récit mêlant mythologie indienne, tensions politiques et horreur victorienne. La scénariste Luana Vergari prend le pari audacieux de marier l’Orient et l’Occident, transportant le lecteur des ruelles sombres de Londres aux palais oppressants de l’Inde coloniale. Ce mélange de cultures est habilement renforcé par un univers graphique puissant, où l’obscurité domine et les détails fourmillent. On ressent la menace qui plane à chaque page, avec un Kundan troublant, à mi-chemin entre la victime et le bourreau. Le dessin d’Emmanuel Civiello est une véritable prouesse. Réalisé en couleur directe, il déploie un style à la fois réaliste et méticuleux, qui donne une ampleur visuelle saisissante au récit. Chaque case est un tableau, restituant à merveille l’ambiance étouffante des ruelles londoniennes ou la grandeur mystique des paysages indiens. L’immersion est totale, le lecteur se laisse happer par ce monde où l’obscurité règne en maître. Si ce premier tome prend parfois le temps de poser ses bases, il parvient à instaurer une atmosphère oppressante et prometteuse. Une intrigue complexe se dessine en arrière-plan, laissant augurer une suite où l’hémoglobine et la tragédie seront au rendez-vous...