L'histoire :
Au tout début du 12ème siècle, un jeune moine nommé Bernard prend possession, avec quelques uns de ses frères, d'une terre léguée par le Vicomte de Dijon, pour y édifier une abbaye. Quelques hommes, deux bœufs, une maigre carriole et une relique sainte, voilà tout ce que possèdent ces hommes animés par la seule force de leur foi. Lorsque, quelques semaines plus tard, un groupe de pillards menés par Anthelme vient pour voler un des porcs élevés par les moines, leur chef est surpris par l'attitude de Bernard. Loin d'être terrorisé, le jeune cistercien les accueille et leur fait don d'un de leurs animaux, expliquant à ses compagnons que même ces hommes sans foi ni loi avaient besoin de leur générosité. C'est le premier des faits d'armes qui vont petit à petit construire la réputation de Bernard de Clairvaux, moine exigeant, qui prône l'exemplarité d'une vie faite de pauvreté et d'ascèse. Lorsqu'il recrute, pour conduire son chantier, un bâtisseur d'églises qui a sombré dans l'alcool, il donne l'exemple vivant d'une forme de rédemption. Une nouvelle étape dans l'aura de cet homme, dont l'influence ne va cesser de grandir, à l'image de l'abbaye qu'il construit. Et progressivement orienter la stratégie politique de l'église catholique toute entière.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nul besoin d'être moine, ni historien, ni croyant pour apprécier ce beau travail réalisé par Didier Convard et Eric Adam. Ce duo de scénaristes donne ici furieusement envie de visiter l'abbaye de Clairvaux. Ils construisent leur récit autour de quelques personnalités fortes et limitent habilement les références historiques à l'essentiel. La vie de Bernard de Clairvaux en devient une aventure fascinante, le parallèle entre le prestige du moine et la construction de sa très belle et très sobre abbaye étant très habile. Le jeune dessinateur Denis Béchu impressionne aussi par sa maîtrise. Il semble réaliser sans difficulté la formidable page 15 où l'échafaudage de bois s'écroule devant le mur en construction. Réalisé dans le cadre d'un partenariat avec le Conseil Général de l'Aube, cet album est bien plus qu'un travail de commande. Il est le résultat de beaucoup de professionnalisme et d'exigence, très bien orchestré par des scénaristes rompus à l'exercice. Une nouvelle occasion, donc, de parfaire sa culture et de titiller sa curiosité historique à travers la bande dessinée. Ce qui ne peut pas faire de mal.