L'histoire :
Trente ans après la révolution hongroise matée dans le sang, un homme décide de quitter sa villa luxueuse de San Diego pour retourner à Budapest. Une annonce dans le journal et la nomination d'un nouvel ambassadeur russe décident Jean, alias Janos, à quitter Eva pour quelques jours. Nous sommes en 1988 et l'ancien révolutionnaire romantique des années 50 a fait fortune aux Etats-Unis, génie des moteurs au cœur des années dorées de l'industrie automobile. En novembre 1956, Eva faisait partie des révoltés qui tentèrent de résister à l'arrivée des chars. Aux côtés de son petit ami Adam, elle a tenté l'impossible, tous les deux prenant des risques insensés dans les rues de la ville. Mais le plus fort l'emporte, et Adam est victime d'un tir. C'est Janos qui va le prendre en charge et le porter dans ses bras pour l'emmener à l'hôpital Saint Roch. Il se souvient de cette traversée de la ville comme si c'était hier. Il connait encore les rues, les endroits où se cacher, il n'a rien perdu de son tempérament de révolutionnaire, ni de son courage. Il plonge alors de nouveau dans une course-poursuite de tous les dangers.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Visuellement, ce retour à Budapest d'un ancien révolutionnaire épris de liberté est plutôt réussi. Le dessinateur hongrois Attila Futaki et le coloriste Greg Guilhaumond forment un duo moderne très efficace, qui campe de beaux décors dans les rues de Budapest à la nuit tombée. Un style combiné proche de l'animation, pour quelques beaux effets dramatiques joliment mis en scène. Sur le plan du scénario, l'affaire est un peu différente avec un album qui ne trouve pas son rythme. Une séquence centrale prend par exemple une place démesurée – plus de dix pages – et provoque des inquiétudes sur le propos de l'album. S'y ajoute une répétition très appuyée dans les dialogues, qui vise probablement à conduire à une séquence émouvante, mais génère surtout de l'agacement, et un effet raté. C'est dommage, car l'idée de cet homme sur le pas de sa révolte de jeunesse est assez belle, mais l'album passe un peu à côté d'un double suspense dans le temps qui aurait été très accrocheur. Gabor Tallai propose semble-t-il ici son premier scénario, il s'est laissé emporter par une succession d'idées qu'il avance une à une de manière un peu maladroite. Il aurait fallu resserrer un peu tout ça, et donner de la place aux émotions fortes que Janos doit forcément ressentir.