L'histoire :
Néo le jeune cochon et ses compagnons de la basse-cour ont atteint le bord de la mer. Leur objectif est simple : se rendre sur l'île aux Cochons, un lieu paradisiaque où les animaux vivent sans craindre les humains, en pleine liberté. Mais ils ne savent pas vraiment comment s'y prendre pour aller plus loin. Alors Néo suit son instinct, et ils reprennent leur marche vers l'intérieur des terres. Ils perdent alors peu à peu courage, et rêvent du confort simple d'une nuit de sommeil dans les fougères, loin des monstres en fer le long des voies qu'ils essaient de suivre, et d'herbe fraîche à brouter. Mais une fois la nuit tombée, chacun répond à ses envies les plus pressantes. La jeune génisse s'introduit dans une station-service et commence à manger les fruits dans les étalages. Le reste de la troupe qui vient la récupérer se trouve pris au piège des portes fermées, et de la fourrière qui finit par arriver. Cœur et sa mère sont embarquées, ainsi que Bruce le bœuf adolescent. Pour Néo et Ferdinand la poule qui se prend pour un coq, il faut absolument retrouver leurs compagnons. Mais comment savoir où ils sont, et comment échapper eux-mêmes à la captivité qui les guette, à chaque fois qu'ils croisent des humains ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Stéphane Betbeder continue de promener sa troupe d'animaux dans le monde des hommes, avec des dialogues amusants lorsqu'ils sont entre eux, à tenter d'avancer dans leur voyage impossible. Leurs conversations sont souvent interrompues par le retour de leurs instincts naturels : une curiosité totalement imprudente, une envie soudaine de monter à bord d'un véhicule... Le road movie prend alors fin de manière soudaine, pour mobiliser toutes les énergies à tenter de sortir de la panade. Ou bien finalement, ils retrouvent le confort de la vie encadrée par les hommes, avec de quoi manger, dormir, et des souffrances auxquelles ils s'étaient habitués. On effleure le parallèle avec la société humaine, bien entendu, mais la réflexion sociologique s'arrête elle aussi très vite pour laisser place à de nouveaux rebondissements. C'est franchement original, une sorte d'univers Disney désabusé et poétique, lorsque la troupe traverse une piste d'aéroport au milieu de la nuit. On n'imagine pas forcément une conclusion morale dans le tome qui viendra clôturer l'aventure. Et pas non plus un grand plaidoyer pour la cause animale. Les rares humains qui interviennent n'ont pas de personnalité et sortent du champ très vite, même si rien ne semble joué à la fin de ce volume. Il faut évidemment saluer la partition graphique de Paul Frichet. Tous ses personnages sont réussis et crédibles à chaque instant. Bref, une promenade totalement imaginaire, qui se situe intelligemment juste à la frontière de la réalité, qu'elle recoupe dans les moments intenses qui font le sel de cette histoire.