L'histoire :
John Blod termine un dernier verre de porto avant de réaliser qu'il risque d'arriver en retard au discours du président qui se tient à la Royal Society. Il saute dans une calèche qui tente de rattraper le temps perdu sur les pavés glissants de Londres. La réunion de la loge maçonnique à laquelle il appartient a déjà commencé. Ses retards sont coutumiers et ses frères ne s'offusquent pas de le voir surgir seulement au moment crucial. L'écrin est apporté au vénérable maître, un petit coffret d'où il sort une pierre noire gravée d'un signe. Une des trois pierres symboliques qui restent du temple du roi Salomon, une image concrète de la mission des maçons qui consiste à réunir ce qui est épars, reconstruire la fraternité. Mais John prend ce symbole au tout premier degré, la pierre est pour lui un trésor absolu. Il s'en confie à frère Ladnwök qui, pourtant, la range tout simplement dans une commode fermée d'un simple tour de clé. Plus tard, dans la soirée, ses frères discutent après quelques verres au pub, de la situation financière de John. Ils savent qu'il a pratiquement dilapidé sa fortune et va sombrer dans l'alcool s'ils ne lui portent pas secours d'une manière ou d'une autre. Ils décident d'élaborer un plan pour lui venir en aide de manière discrète, en préservant son honneur. Mais avant qu'ils aient pu faire avancer leur projet, John va commettre une faute irréparable. Il se rend le dimanche suivant à la Royal Society où il pense ne trouver personne, et se dirige vers la salle où est conservée la pierre d'Hiram. Il va commettre un acte qui va changer sa vie...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Didier Convard conduit sa grande histoire de la franc-maçonnerie vers le continent américain, en partant d'une des loges situées à Londres au XVIIème siècle. Comme de coutume dans cette série, il met en scène un personnage incarnant l'expérience initiatique, et l'utilise pour décrire les pratiques de l'époque. On assiste à nouveau à des rituels entre initiés, avec cette fois-ci une forme d'ouverture vers les indiens d'Amérique dont les rites sont rapprochés de ceux des européens que John fréquentait avant de traverser l'océan. La vie de John et le témoignage de ses contemporains illustrent cette permanence des moments de transition dans la vie d'un homme, que le dossier en fin d'album met en perspective de manière très intéressante. Petit à petit, avec les tomes qui se succèdent, l'auteur réussit à démystifier la franc-maçonnerie, décrivant sa diversité, notamment dans le positionnement par rapport aux religions, et mettant toujours l'accent sur les valeurs universelles qui la portent. Sur le plan de la lecture pure, l'aventure de John est agréable à suivre, pleine de rebondissements et franchement dépaysante. Le savoir-faire du scénariste n'est plus à démontrer, il introduit une multitude d'éléments attachants dans la vie de son héros, et ne laisse jamais deviner où il nous emmène. On assiste à d'intéressantes confrontations entre des cultures différentes, sur fond de paysages changeants et de sentiments forts.
