L'histoire :
Au printemps 1788, le chevalier de Senissonne est sommé de se présenter devant le roi Louis XVI, qui le connait très bien puisqu'ils ont tous deux fréquenté la même loge maçonnique. Le comte d'Artois et le comte de Provence sont présents lorsque le roi s'adresse à Artus, pour lui confier une mission de la plus haute importance, visiblement fortement influencée par ses deux frères. Ils n'ignorent pas qu'une loge dite des Neuf Sœurs a accueilli et initié Voltaire quelques années plus tôt, et qu'elle propage désormais des idées considérées comme révolutionnaires par le roi et sa famille. Les idées dites des Lumières sont certes proches des principes égalitaires et fraternels de la Franc-Maçonnerie, mais ne représentent-elles pas un danger pour le régime en place ? Artus de Senissonne va donc devoir infiltrer la fameuse loge, et identifier les meneurs de cette dangereuse propagande. Il ne faut pas beaucoup de temps au très habile lieutenant de police de Versailles pour entrer en contact avec l'un des membres de la loge à l'auberge L'Oracle de Delphes, et montrer son intérêt pour les travaux du groupe, qu'il ne va pas tarder à rejoindre. Mais lors d'une cérémonie de la Saint Jean quelques semaines plus tard, un évènement dramatique se produit lorsque le bucher rituel prend feu. C'est une toute autre enquête qui commence.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L'histoire de la Franc-maçonnerie se poursuit avec la loge qui a initié Voltaire, et une mise en contexte de ses idées progressistes alors que la monarchie règne encore en France. Les auteurs imaginent un dialogue entre Louis XVI et des frères maçons qu'il aurait fréquentés, tout en précisant dans leur postface qu'il s'agit d'une liberté de leur part. Comme pour les volumes précédents, une intrigue policière vient pimenter le récit, plutôt bien construite ici, ce qui rend la lecture un peu éducative mais surtout distrayante. On est dans la pure tradition des albums historiques classiques dont le paysage BD franco-belge est coutumier. Tout est réalisé avec énormément de sérieux et de rigueur, les dessins d'Éric Lambert montrent beaucoup de palais et de bâtiments d'époque pleins de détails, l'atmosphère est parfaitement rendue. Avec cette série qui en est déjà à son septième volume, on continue de progresser dans le temps d'album en album, l'ensemble montrant l'ancrage de la maçonnerie dans l'histoire de l'Europe. Le concept met en avant le rôle qu'y jouent les grands esprits de leur temps, et semble indiquer qu'elle est toujours liée aux grands courants de pensée de son époque. On est un peu curieux de découvrir ce qu'il en est de l'époque contemporaine, mais on va patienter tranquillement. Il doit rester quelques volumes encore sous le coude du scénariste Pierre Boisserie et de Didier Convard qui dirige le concept.