L'histoire :
Fort de sa réputation de séducteur, profitant de la vie dans les soirées berlinoises en attendant sa prochaine mission, Werner von Janowski va devoir accepter un rôle qu'il n'attendait pas. Il va embarquer a bord du sous-marin U-518 et aborder seul les côtes canadiennes avec des vêtements civils et un passeport au nom de William Brenton, dit Bobbi. Cette mission lui est confiée par un représentant du service de renseignement de l'armée, qui doit faire face aux mises en cause violentes de la part de ses homologues de la SS. Les premiers espions allemands sur les terres américaines ont lamentablement échoué, Werner doit démontrer des qualités supérieures pour obtenir des renseignements de qualité, sous sa fausse identité de représentant de commerce québécois. Mais son arrivée sur place est mal préparée, et dès la première soirée dans un hôtel, il commet quelques erreurs qui attirent l'attention. La première d'entre elles est de régler sa nuit avec des billets qui n'ont plus cours depuis plus de deux ans. Lorsque le fils du propriétaire s'en inquiète auprès de la femme de chambre, cette dernière réagit avec virulence contre cette méfiance systématique. Il faut dire que William Brenton est un bel homme qui doit partir vers Montréal, ville où elle rêverait de démarrer une nouvelle vie.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les histoires de guerre sont à la mode dans la bande dessinée moderne. Mais elle sont moins nombreuses à se dérouler en terres canadiennes. Aux côtés de cet espion allemand envoyé vers Montréal par une hiérarchie qui cherche à redorer son blason terni par des échecs successifs, on découvre un contexte moins connu de notre côté de l'Atlantique. En faisant de Bobbi le personnage central du récit, les auteurs nous permettent de nous identifier à lui, même s'ils prennent soin de montrer sa cruauté et son absence totale de scrupules. On partage son incompréhension lorsqu'il découvre les failles de la mission qui lui a été confiée ; et plus ses mésaventures progressent, plus on découvre la qualité de l'intrigue construite par Frédéric Antoine. Le scénariste dose très bien les nombreuses scènes de dialogue et les péripéties nécessaires, pour nous emmener vers un bouclage impeccable. Le dessin de VoRo, réaliste et dynamique, soutient parfaitement le récit. Dans un style très fidèle aux codes graphiques du genre, de la précision mais pas d'effets inutiles, il porte très bien cette mésaventure d'espionnage basée sur des faits historiques. On en apprend un peu plus sur les rivalités à l'intérieur du camp allemand, sur un fond historique qui reste une toile de fond. Le destin personnel de Werner von Janowski prend le dessus, ce qui contribue à la réussite de ce one-shot bien construit.
