L'histoire :
C’est l’été. Louison arrive avec ses parents et sa sœur chez leur grand-mère, au bord de la mer. Elle est accueillie par un joyeux caniche jappeur, Rodin. La grand-mère, joyeuse, descend les accueillir. La maison est immense au bout d’un grand parc. Les parents aident les filles à monter les valises. Louison rentre dans sa chambre et s’attarde sur les portraits, dès que ses yeux se sont habitués à l’obscurité. Dans la cuisine, la mère gronde sa propre maman : la vieille femme a oublié un vieux camembert au milieu des tasses, dans un placard. Il grouille d’asticots et de mouches. Les parents sont inquiets pour la grand-mère, alors que Louison, elle, se pose sur la terrasse et contemple le grand jardin. Elle sort de sa poche une poupée troll, dont elle brosse les cheveux bien en pointe. Mais son regard est attiré par une petite fille de son âge, au fond du jardin. En attendant l’arrivée des cousines, les parents s’en vont et Louison s’endort avec sa femme, son troll à côté d’elle. Le lendemain, il a disparu… Sans sa poupée, Louison goûte à l’ennui, d’autant que les cousines et sa sœur sont devenues des ados, plus intéressées par les garçons, sortir et fumer. La petite fille va alors faire une rencontre incroyable.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A trente ans, Elizabeth Holleville signe son deuxième album après Lulu, un recueil de contes où un chat raconte des histoires à ses propriétaires. Ici, on n’est plus dans le conte et le merveilleux, mais plus dans le fantastique. La petite Louison passe son été de solitude et d’ennui avec un fantôme. Personnage imaginaire, né de l’intérêt de la petite fille pour les portraits de famille alignés dans la chambre ? Vraie rencontre paranormale ? Dans tous les cas, le quotidien de Louison est bouleversé, pour le meilleur quand ça lui permet de fuir une relation où elle ne trouve plus sa place – sa sœur et ses cousines étant devenues des ados insupportables – mais aussi pour le pire… Elizabeth Holleville livre une belle réflexion sur la famille, la vieillesse avec cette grand-mère dont les petits oublis inquiètent son entourage, mais qui arrive encore à vivre seule ; ou encore le gouffre insondable qui existe entre l’adolescence et la pré-adolescence, le changement terrible opéré en deux petites années, notamment chez les filles. Le choix de couleurs chaudes et un peu passées donne une vraie chaleur, enveloppante, envoûtante, au récit. Le tout est bien abouti, harmonieux. Le trait est épais, la ligne claire, et la narration bien maîtrisée, avec une belle diversité de cadrages. Ce roman graphique, tout en finesse et en demi-tons, est juste. Il parlera certainement de manière forte aux jeunes femmes, mais réjouira certainement tous les types de lecteurs.
