L'histoire :
De nos jours, parmi une foule estivale de touristes, une petite famille visite le Mont-Saint-Michel. Antoine, le fiston ado, n’est pas plus emballé que ça par cette sortie culturelle barbante. Dès qu’il en a l’occasion, il quitte les ruelles fortifiées encombrées et abandonne en douce ses parents, pour aller traîner ses guêtres sur le sable mouillé. S’éloignant peu à peu du Mont, il se retrouve rapidement enlisé dans les mythiques sables mouvants et ne doit son salut qu’à un pêcheur à pied de passage. Pour l’aider à se remettre de ses émotions, ce dernier se met à lui raconter l’histoire de ce vaisseau de pierre qui a défié les siècles. Tout commence en l’an 708. A la demande de l’évêque Aubert, qui a vu l’archange Saint Michel lors d’une illumination nocturne, l’on bâtit un « petit » sanctuaire, sur le modèle du Mont Gargano italien. Ce rocher lacustre s’appelle alors le « Mont Tombe », tant le lieu paraît austère. La légende veut alors qu’un enfant trouve de manière providentielle une source d’eau douce, élément indispensable à la sédentarisation d’une douzaine de chanoines. Les années passent, et avec l’affluence de pèlerins toujours plus nombreux, on agrandit progressivement les bâtiments. En l’an 966, à la demande du duc de Normandie Richard 1er, descendant des vikings qui ravirent la région, débute un gigantesque chantier. Il s’agit d’ériger une abbatiale romane digne de ce nom, à la grandeur (et aux portes) de la civilisation normande…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La « huitième merveille du monde » méritait bien d’avoir enfin une belle biographie en bande dessinée ! Laissant derrière lui les 4 tomes du Linceul, thriller ésotérique de la collection Loge noire, Laurent Bidot rend ici un bel hommage en one-shot à ce célèbre monument. Didactique avant tout, le récit est néanmoins orchestré comme un récit d’aventure. Une petite mise en scène contemporaine de moyenne facture, et c’est enfin parti pour un long flashback écumant les épisodes de la vie du Mont, siècle après siècle. Car des fortunes diverses, cet édifice majestueux en a eu sa dose ! Successivement encensé, magnifié, attaqué, foudroyé, délaissé, transformé en prison, et enfin réhabilité, le Mont-Saint-Michel accueille aujourd’hui près de 3 millions de visiteurs annuels. On apprend ainsi, entre autre, que le sanctuaire originel existe toujours à l’intérieur des fondations de l’abbatiale, ou que la célèbre mère Poularde, qui donna son nom à la célèbre omelette, était la bonne de l’architecte des bâtiments historiques qui accorda tout son faste au monument à la fin du XIXe. Graphiquement, si les décors et bâtiments sont d’une grande justesse, les personnages paraissent un peu figés dans leurs faciès, comme issus de photos redessinées. Mais cela n’est guère important : pour cet exercice particulier, il s’agit avant tout de décrire au plus juste les faits et les lieux, qui sont les véritables sujets du récit. En ce sens, la narration est très réussie : Laurent Bidot parvient à transformer cette longue succession de dates et d’évènements, en une véritable histoire d’aventures.