L'histoire :
Par une nuit d’orage, sur une route en forêt, une voiture fait une queue de poisson à une autre, pour créer un accident. Un des trois jeunes gens se trouvant dans la première voiture parvient à s’extraire du véhicule, juste légèrement contusionné et égratigné. Au volant de la seconde voiture, l’homme fait demi-tour et fonce vers lui pour l’achever. Le jeune homme se sauve à toute jambe à travers la forêt et de manière totalement inattendue, il prend la foudre ! Plus tard, il se réveille dans un lit douillet. Une femme et sa fille vivant dans une maison isolée l’ont recueilli inconscient en forêt et l’on soigné. Il se rend compte rapidement que son foudroiement l’a rendu totalement amnésique. Une gourmette retrouvée dans sa poche porte le nom de « Ange »… C’est donc ainsi que les deux femmes l’appelleront. Dans les jours qui suivent, des flashs lui reviennent, qui lui permettent de comprendre qu’il n’était vraisemblablement pas quelqu’un de bien. Il sortait de taule… il était un mafieux… un meurtrier… Et puis surtout, il lui semble qu’il est dorénavant doté d’un don hallucinant : il guérit instantanément le chien de la famille mortellement blessé par un accident de chasse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce one-shot de la collection Mille feuilles (petit format souple) pose d’emblée un univers sombre de chez sombre. A-t-on d’ailleurs déjà vu plus sombre ? Le dessin de Carlospop, réalisé avec des traits épais (noirs ou blancs), comme lacéré à grand renfort de coups de couteau, montre une réelle personnalité (pas très éloigné du graphisme du Roi des mouches). La carte de l’originalité trouve néanmoins sa limite dans certains cadrages, que l’obscurité ambiante n’aide pas toujours à rendre lisible. La colorisation quasi monochrome est au diapason : aux masses de noir s’ajoutent la plupart du temps des variations d’aplats gris légèrement bleutés, plus rarement sanguins ou ocre (pour les flashs de souvenirs). Bref des teintes éteintes et… très sombres. Qu’importe : ce choix graphique suffit à rendre compréhensif l’histoire et surtout, il impose résolument le ton, celui du polar (noir !) mâtiné de fantastique. Le récit nous donne à suivre la reconstruction psychologique d’un jeune homme rendu amnésique par la foudre, qui emprunte le chemin de la rédemption. En effet, tout en refusant de redevenir le salopard qu’il a été, « Ange » (rôoh le prénom lourd de sens !) se découvre une faculté paranormale de résurrection. Mais n’attendez pas que l’intrigue en fasse un super-héros standard : l’incursion du fantastique n’est ici qu’allégorie au service de la symbolique. Le final en queue de poisson nous laisse toutefois un peu sur notre faim…