L'histoire :
En 2129, au sein de la gigantesque station spatiale Hadden, le patient Morgan Shepherd, suspecté d’être âgé de plusieurs centaines d’années, se décide enfin à communiquer avec son entourage. Il donne rendez-vous à la fine fleur des scientifiques et psychiatres présents et réunis autour de lui, pour leur narrer par le menu la légende de Nemrod. Petit-fils de Noé, ce roi despotique doublé d’un chasseur hors pair, avait décidé la construction de la tour de Babel. Il pensait que cela allait assouvir son inextinguible soif de conquêtes et de dominations… en vain. Poussé par son orgueil, il décida alors de défier Dieu en son territoire des cieux. Il fit donc construire une arche personnelle en osier, portée par des dizaines de vautours, et s’envola jusqu’au faîte des nuées. Mais après plusieurs semaines passées dans le vide et l’obscurité, épuisé et frigorifié, il s’aperçut de sa vanité et tira de dépit une de ses flèches vers le haut. Un mois plus tard, il devait retomber sur terre, dans un gigantesque fracas de flammes. Telle est la légende… mais Shepherd rapporte ensuite à son auditoire les faits qui se sont réellement produits. Il les connaît bien pour les avoir lui-même vécus : il est lui-même aujourd’hui âgé de 4900 ans…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Difficile de se prononcer pour le moment sur le scénario de Laurent-Frédéric Bollée : le concept même de L’ultime chimère propose de livrer des morceaux de puzzles composites, comme autant de vraies-fausses pistes aguichantes. Pour le moment, on retrouve donc la « Bollée’s touch », que les fans d’intrigues fantastiques avaient déjà pu apprécié via sa précédente série, Apocalypsemania. Ce tome 3 focalise plus particulièrement sur le cœur du sujet de la série (a priori), puisqu’il revient amplement sur deux versions, toutes aussi fantastiques et grand-guignolesques, du mythe de Nemrod (dont le bisaïeul était un certain Noé). Puis, le récit zappe, en s’intéressant à descendance du colonel anglais Redmore entr’aperçu à la fin du tome 2, durant les sixties so british. Comme sur les précédents volumes, Griffo se charge du dessin des séquences contemporaines/high tech sur la station Hadden, et Héloret de la période antique/légendaire concernant Nemrod. Nouveau venu au sein de la série, Olivier Mangin attaque quand à lui les sixties britanniques – on retrouvera ce dernier dessinateur (et donc cette unité de lieu et de temps ?) sur les tomes 5 et 6. En échos à l’alternance des intervenants, les sautes de styles graphiques sont ostensibles, mais elles ne choquent pas, car elles tendent toutes vers la même veine réaliste. Sur cet aspect, soulignons que cette série est pour le moment irréprochable, a contrario de nombreux autres concepts éditoriaux multi auteurs. A suivre… dans 6 mois, avec la participation de Fabrice Meddour (le tome 4, La Machine, est annoncé pour septembre 2009).