L'histoire :
Quelques mois après la révolution française, Martial Viallebesset, papetier à Paris, rejoint un ami libraire érudit. Ensembles, ils rejoignent leurs pairs au sein d’une loge maçonnique, afin de tenir une séance de « travail » secrète. Après les rituels d’usage, leur maître les informe que les puissants sont en train de confondre le pouvoir avec l’appât du gain, au détriment des valeurs chevaleresques. Il leur faut désormais veiller, dans l’ombre, afin que perdure un certain esprit humaniste…
De nos jours, le capitaine Delano de la police criminelle fait les constatations d’usage lorsqu’il y a un crime, dans les toilettes d’un restaurant parisien très côté. Mathilde Jubelas, la grande maîtresse de la grande loge universelle mixte, y a en effet été retrouvée pendue, depuis un échafaudage situé à l’extérieur. De curieux indices ont été laissés exprès, laissant à penser que quelqu’un en veut à la franc-maçonnerie : la corde comporte 12 nœuds et un petit jouet, un chien en plastique, a été déposé sous elle. Les dirigeants des plus grandes obédiences se réunissent donc pour décider une enquête non officielle, qui sera menée par Robert Anderson, historien de métier. Car en effet, Mathilde Jubelas est la troisième « Grand Maître » à décéder en peu de temps dans des circonstances douteuses. Côté autorités publiques, le capitaine Marc Delano mènera les investigations. Malgré son caractère asocial, il est réputé opiniâtre et intègre. Il commence donc par se cultiver un minimum sur le milieu…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après une déferlante (parfois incontrôlée) de séries dans les années 2000, les productions de la collection Loge noire – qui s’intéresse aux intrigues ésotériques, dans la lignée du Da Vinci Code – se sont raréfiées. La présente Conjuration des vengeurs renoue avec le registre, en posant les bases solides d’un thriller classique, prenant pour cible les milieux maçonniques. Un tueur professionnel s’en prend en effet aux dirigeants des loges françaises, perpétrant des crimes ponctués d’indices insolites. Qui donc en veut à ce point aux francs-maçons ? Le mobile serait-il politique ? A en croire le flashback d’introduction (peu engageant, narrativement parlant), il prend en tous cas ses racines aux premières heures de la révolution française, dans les origines humanistes de la franc-maçonnerie, héritée des Lumières. Etonnamment, ce n’est pas Didier Convard au scénario (en clin d’œil, il ne fournit que le champagne…), mais Joëlle Savey. Cette auteure complète, vétéran du 9ème art, s’appuie sur la griffe graphique ultra réaliste de Cyrille Ternon. En progrès, le dessinateur livre un visuel à nouveau extrêmement fin et besogné, ce qui donne évidemment parfois une impression de postures figées chez les personnages. Cela ne perturbe en rien l’intérêt croissant que l’on peut porter à cette étonnante enquête, dès lors que débute la séquence contemporaine. Le dénouement sera livré dans le seconde partie du diptyque, à paraître en juin 2012, d’ores et déjà baptisé Les nobles voyageurs…