L'histoire :
Les côtes de Bretagne par une nuit noire. Un navire venu du continent s’approche dangereusement en dépit d’une mer démontée. Un homme d’équipage en descend un court instant et récupère des mains d’un tiers un paquet ô combien important ! Un paquet si précieux qu’à peine l’embarcation repartie, le livreur manque de tomber aux mains de la milice impériale pour finalement s’échouer sur les rochers… Lorsque le jour se lève, il pleut sur Londinium. Une habitude en toute saison mais exilé depuis bientôt trois ans, l’illustre Flavien se languit de Rome et de son aimée. Pas un jour, pas une heure, pas un instant qui passent sans qu’il pense à sa douce Hélène qui trouva la mort atrocement. Sa nouvelle compagne Marie a beau l’entourer de toute l’affection possible, elle n’en demeure pas moins à ses yeux une ancienne esclave, une prostituée. L’Empire se meurt et Flavien avec lui. Les dieux du panthéon latin sont oubliés et celui des chrétiens lui a pris son fils. Sur le trône, au fantasque Héliogabale a succédé Théodose puis son fils Honorius, âgé de seulement douze ans et assisté de Stilico aux crimes impunis. Oui, l’Empire se meurt. Tout comme les messagers successifs du précieux paquet qui, jusqu’à sa livraison finale en Ville, succombent leur mission accomplie…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Est-ce l’album le plus prenant de la série ? Le livre interdit, quatrième et avant-dernier titre, explore une nouvelle fois cette période méconnue de la grandeur de la Ville éternelle, l’Histoire tardive du Bas-Empire. Le IVe siècle semble avoir été un siècle troublé, non tant par la montée des dangers extérieurs (sa fin voyant la première vague des dites « invasions barbares ») que par un désordre intérieur, du notamment à la fracture religieuse devenue majeure avec la conversion « politique » de Constantin. La cohabitation impossible entre un christianisme voulu œcuménique et un panthéon traditionnel délaissé, est parfaitement rendue par le mystère entourant ce livre qui tue. La Vie d’Héliogabale appartient à l’Histoire Auguste, un recueil de biographies de Césars (faisant en cela suite à Salluste). Encore aujourd’hui, l’oeuvre sent le souffre et ne se laisse pas facilement apprivoiser : fantasque, outrancière, souvent pamphlétaire. Après tout, culte et pouvoir n’ont jamais fait qu’un… Un scénario plein et un dessin impeccable, l’unique réserve habituelle va aux personnages campés trop fixement. Cependant lorsque l’on se penche sur le détail, des planches comme celle de la villa Hadriana (pp. 24-25) laissent pantois !... Auteur de cette bible romaine du 9e art qu’est Dans la Rome des Césars, Gilles Chaillet demeure un maître et la Dernière prophétie restera peut-être comme son œuvre la plus aboutie (l’habillage or de la collection Loge Noire apportant son charme). Bâti à la manière d’une intrigue policière, ce pénultième tome vous tiendra en haleine jusqu’à la conclusion finale. Et si, par malice, vous deviniez l’ultime rebondissement préparé, ce voyage au cœur d’une Rome égarée, non plus païenne mais pas encore chrétienne, vous aura immanquablement passionné…