L'histoire :
A Prague, en juillet 1914, Ian et son frère Ratislav participent aux activités secrètes de groupuscules qui se battent pour une république tchèque indépendante. Au sein de l'empire austro-hongrois, ce petit groupe voit la guerre qui se profile comme une occasion unique d'obtenir gain de cause, en déstabilisant de l'intérieur le régime de l'empereur. Mais après une nuit passée en compagnie de Jilhana, ils apprennent que Ian a été tué lors d'une embuscade tendue par la police. Un compagnon d'armes leur remet une lettre prémonitoire dans laquelle il dénonçait les traîtres potentiels qui auraient conduit les autorités vers les indépendantistes. Ratislav, avec le support de la très belle Jilha, décide alors de s'infiltrer dans l'armée régulière, pour y retrouver les trois hommes dont il connait les affectations. Sa petite amie avait pour cela dérobé les informations nécessaires au ministère de la guerre où elle travaille. Le jeune homme est très vite pris en charge dans un poste d'infirmier. Mais Jilhana est arrêtée dès son retour au travail, et isolée dans un cachot. Quelle n'est pas sa surprise lorsqu'elle reconnait celui qui vient lui proposer un marché...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le romancier (et scénariste de BD) Jacques Mazeau adapte ici son propre roman et propose ce one-shot de plus de 100 pages, retraçant l'épopée étonnante des troupes de nationalistes qui vont aboutir à la création de la Tchécoslovaquie. Le fond historique est abordé par tranches, alors que Ratislav évolue dans une épopée pleine de rebondissements qui va le mener jusqu'à Kiev. Il ne constitue toutefois pas le cœur de l'intrigue, qui tourne autour des personnalités du héros et de la belle Jilhana. Chacun vit des rencontres sincères ou manipulatrices pour aboutir à un but sur lequel l'auteur maintient une part de mystère tout le long de l'album. Cela dit, une certaine confusion s'installe parfois lorsque des visages mal définis nous font douter du personnage qui est en face de nous, comme dans le tout premier rebondissement de l'album. Tout comme une forme de perplexité persiste, de voir le scénariste se sentir obligé de déshabiller son héroïne à chaque fois qu'elle a quelque chose d'intéressant à dire. Le dessinateur Brada fait néanmoins le job, sans fioritures et avec un beau sens de l'effort dans ses planches les plus spectaculaires. Mais la complexité de l'histoire racontée et la volonté de Mazeau d'aborder de trop nombreux pans de l'Histoire, aboutissent à un album plutôt indécis dans ses choix. Aucun thème n'est creusé suffisamment pour devenir central, si bien que la clôture de l'épopée, qui s'accélère nettement en fin d'album, laisse un sentiment de perplexité. Un sujet intéressant qui aurait demandé davantage de savoir-faire.
