L'histoire :
Tandis qu’un professeur de l’University College de Londres donne un cours en amphithéâtre sur les mystères qui restent à découvrir sur Terre – comme les poissons-lanternes des abysses – de violentes explosions se font entendre à l’extérieur. Parmi les étudiants, l’un d’eux quitte l’université en trombe à vélo pour s’approcher de l’origine du tumulte. Un pompier lui conseille de rentrer chez lui car les martiens sont en train de détruire la capitale ! Depuis quelques heures, des engins venus de Mars défraient en effet la chronique. Ils avaient commencé par faire des dégâts dans la banlieue sud, mais cette fois leur potentiel de destruction met la capitale anglaise à feu et à sang. Un vent de panique s’empare des londoniens. Afin de fuir vers la province, certains cèdent à la sauvagerie et s’entretuent. Les tripodes martiens, qui ressemblent à de grandes chaudières sur échasses se déplaçant plus vite que les hommes, poursuivent imperturbablement leur œuvre d’extermination. Ils dispersent dans l’air un gaz mortel et crachent de puissants rayons de feu sur les maisons, les véhicules et les gens. Les pistolets et les canons humains sont bien trop dérisoires pour empêcher le massacre…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
HG Wells est inventeur et pionnier d’un genre, la science-fiction. Aujourd’hui, ses romans doivent être appréhendés sous le prisme et avec la déférence des mythes fondateurs. Dans La guerre des mondes, la narration et le sujet, évidemment, paraissent de nos jours quelque peu surannés. Avec cette adaptation BD en deux tomes, le scénariste Dobbs fait son maximum pour dynamiser l’invasion martienne selon les codes de notre époque… L’aspect désuet transparait néanmoins, pour un hommage efficient mais aussi une impression mitigée. L’exercice qui consistait à respecter l’œuvre tout en la modernisant était une véritable gageure. La lecture du diptyque désormais terminé ne convaincra sans doute pas les jeunes lecteurs, habitués à plus spectaculaire ou à plus d’immersion psychologique aux côtés de personnages attachants. Rappelons qu’il n’y a pas de héros à proprement parler dans le roman original, a contrario de cette adaptation (et de celle de Spielberg au cinoche). Dans ce second opus, il faudra d’ailleurs attendre la page 16 pour retrouver notre personnage central anonyme. Quitte à faire dans le respect de l’œuvre, le dessinateur espagnol Vicente Cifuentes aurait quant à lui peut-être gagné en cohérence en respectant le design des tripodes défini en 1903 par Henrique Alvum Corrêa – façon spaghettis démembrés, surmontés d’une caisse avec un couvercle trop large. Le peintre brésilien avait ainsi le premier représenté le roman en plus d’une centaine d’illustrations réalistes sur fond cuivrés et sépias. Le travail graphique de Cifuentes et la mise en scène se montrent ici très académiques, quoique tout à fait plaisants à suivre. Magnifiquement relativiste, la morale de fond est universelle. « Ce n’est pas une guerre, ça n’est pas plus une guerre qu’il n’y a de guerre entre les hommes et les fourmis ». Et la surprenante résolution finale reste l’une des plus perspicaces qui soient…