L'histoire :
En 1897, Félix, jeune ouvrier dans une société minière en Espagne, est appelé au chevet de son père qui vient d’avoir un grave du travail. Sa jambe s’est retrouvée bloquée entre deux wagons, il a dû être amputé. Un salaire de moins, c’est un coup dur pour la famille. D’autant plus que le frère de Félix, José, est toujours en train de faire son service militaire aux Philippine, où sévit un conflit d’indépendance. Le propriétaire de la cantine locale propose alors un arrangement à la famille : si Félix accepte de remplacer son propre fils, qui vient d’être conscrit par les militaires sur le front des Philippines, il versera 1200 pesetas à la famille. Félix accepte, c’est pour lui le meilleur arrangement possible et ça lui permettra de veiller un peu sur José. Le jeune homme embarque donc sur un vapeur en février, à destination de Manille, en compagnie de nombreux hommes de son âge. Durant un voyage pénible – les cales où ils dorment puent le vomi – il se lie d’amitié avec certains et apprend à se méfier d’autres. Pendant ce temps, José est affecté avec sa garnison dans la petite ville côtière de Baler, alors plutôt paisible. Il est toujours prompt à jouer du poing pour défendre les causes des camarades ou des villageoises opprimées…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Espagnoles depuis leur découverte en 1521 par Magellan, les Philippines connurent une (première) guerre d’indépendance à la toute fin du XIXème siècle. Encouragé par les Etats Unis, ce mouvement se retournera contre ce nouveau pays de tutelle… et la seconde partie du diptyque prévu s’intéressera peut-être à cet affranchissement. En raison des lointaines latitudes où cette guerre s’est déroulée, et de la non-implication française, ce conflit est relativement méconnu de notre culture historique. Le scénariste espagnol Gregorio Muro Harriet fait donc œuvre de Mémoire et de pédagogie, mais au gré d’une narration verbeuse et peu immersive. Par séquences alternées, ce premier volume met en scène deux frangins espagnols impliqués dans ce conflit suffisamment honteux pour être oublié (d’où le titre). Tous deux sous les drapeaux espagnols, mais à des endroits distincts, Félix et José sont confrontés aux décisions des supérieurs, aux querelles intestines au sein de leur garnison, aux trahisons ou aux manigances politiques. Jamais ensemble, ils se ressemblent tous deux beaucoup sous le dessin encré d’Alex Macho ; et c’est bien là la seule critique qu’on peut émettre à l’encontre de cette fresque spectaculaire, tant le dessinateur espagnol joint le talent à l’effort. Sa mise en scène ne lésine pas sur les plans larges et détaillés, où l’on voit des mouvements de troupe, des affrontements spectaculaires sur terre ou sur mer, des reconstitutions historiques précisément documentées. La puissance du souffle romanesque et héroïque remportera assurément l’adhésion des amateurs d’Histoire.
