L'histoire :
Léka est un adolescent éduqué par Nykita, son « tuteur », une véritable pourriture d’origine russe, borgne et alcoolique. Plutôt bien lotis dans une masure à la campagne, ils vivent tous deux de la vente d’œufs et surtout de multiples larcins bien peu louables. L’une de leurs activités les plus rentables consiste à enlever des bébés à destination du marché d’adoption occidental, tandis que les mères travaillent aux champs. Léka n’a aucun scrupule : il a toujours vécu ainsi. Un jour, il livre une douzaine d’œufs chez un médecin, après avoir reçu commande de la fille de ce dernier, Sose, du même age que lui. A la demande de Nykita, il doit évidemment en profiter pour repérer les lieux, en vue d’un prochain cambriolage. Peu farouche, Sose lui fait alors découvrir les films hollywoodiens et partage avec lui sa passion pour l’escrime. Immédiatement, Léka est séduit par cet art. Dès lors, il attend impatiemment le jour de la livraison des œufs et n’a plus qu’une motivation : apprendre à manier l’épée… en compagnie de Sose ! Peu à peu, il se prend d’affection pour cette famille qui l’accueille comme un des leurs...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il se dégage comme un parfum de nostalgie de cette idylle estivale et campagnarde vécue par deux enfants. En ce sens, même si la série doit s’orienter à terme vers une toute autre direction, on est assez proche de l’ambiance fraîche et juvénile d’Où le regard ne porte pas. Le titre nous ramène à la triste réalité : selon la loi du Kanun, le meurtre d’un membre d’une famille doit être contrebalancé en retour par un autre meurtre au sein de la famille de l’assassin. Le sang se lave par le sang. Cette loi est juste expliquée au cours de ce premier épisode, mais reste pour le moment extérieure à la trame principale. Elle s’imposera certainement au jeune héros au cours des épisodes à venir. Le scénario parfaitement maîtrisé de Jack Manini s’appuie sur un cadre et une époque jusqu’à présent fort peu exploités : la misère albanaise au lendemain de sa rupture avec le bloc soviétique. Réaliste et appliqué, le dessin de Michel Chevereau n’est cependant pas mis en valeur par la colorisation du même Jack Manini, en permanence à la frontière de la bichromie. Au final, ce premier épisode distille à la perfection aventure et romance, et se révèle une agréable surprise à confirmer dans les prochains tomes…