L'histoire :
Août 1941, sur une plage de Floride. Alors qu’il est en train de bécoter une femme sur une serviette, Dusko Popov est appréhendé par un agent du FBI. Quelques jours plus tard, il se retrouve face à Hoover qui n’aime pas ses manières : on le voit flamber dans les casinos, flirter avec des vedettes hollywoodiennes… Désireux de ne pas faire de vague, l’agent double Popov profite de cette entrevue pour lui donner un tuyau. Une attaque japonaise se prépare à Hawaï. Hoover ne juge pas cette information crédible. Pourtant, le 7 Décembre, Pearl Harbour est bombardé par l’armée japonaise… 1971. Popov est dans le bureau ovale en présence de Richard Nixon. Nixon tombe des nues quand il apprend qu’Hoover a laissé passer cette information entre ses filets. Le patron du FBI aurait dû perdre sa place, à l’époque. Popov continue ses révélations : Hoover multipliait les écoutes pour nourrir ses fiches de renseignements, qu’il gardait bien au chaud pour les dégainer au bon moment. Il apprend notamment qu’Eleanor Roosevelt, la femme du président, avait un amant, un gauchiste nommé Lash. Il découvre aussi que le jeune John F. Kennedy entretenait une relation intime avec Inga Arvard, une journaliste danoise, proche du régime nazi…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans ce troisième épisode, Marc Védrines se focalise sur les 30 dernières années du règne de John Edgar Hoover. Ce tome aurait sûrement mérité faire l’objet de deux albums, tant l’histoire est dense (la période maccarthyste et l’assassinat de Robert Kennedy sont survolés). Mais bon, ne boudons pas notre plaisir. Son travail de documentation en amont force le respect, son adaptation mérite les éloges. On se passionne pour Hoover et sa méthode avant-gardiste. Pour tirer les ficelles et pouvoir faire pression, il s’était constitué des dossiers sur chacun. Ainsi, il a pu instrumentaliser des puissants comme Franklin D. Roosevelt, Richard Nixon ou Joe Kennedy. Ce qui force l’admiration, c’est qu’il a réussi à passer entre les gouttes, même en commettant des erreurs (il n’a pas tenu compte de confidences d’un agent double sur la probable attaque de Pearl Harbour par l’armée japonaise). Védrines donne aussi une version intéressante sur l’attentat contre JFK, qui n’est peut-être pas très éloignée de la réalité. Cette réalité fait d’ailleurs froid dans le dos et montre comment, en politique, le plus sûr moyen de garder le pouvoir est d’éliminer ses adversaires. Son dessin est à la hauteur de son discours, grâce à une galerie de personnages aux traits légèrement caricaturés. Védrines réalise ici une vraie performance d’auteur. On en redemande !