L'histoire :
24 décembre 1983, au large des côtes du Sénégal, un bateau en forme de soucoupe est balloté dans tous les sens par un vent de force 4 à 5. A bord de cette embarcation, Jean-Claude Ladrat écrit son journal de bord. Le marin de fortune est malade, incapable d’avaler quoique ce soit. Il se force à manger, mais son estomac refuse toute alimentation. Comble de malchance, Jean-Claude a semble-t-il oublié de prendre un ouvre-boîte pour son expédition. Deux mois après avoir quitté Dakar, il semble avoir dérivé et s’être éloigné de sa destination, le triangle des Bermudes. Jean-Claude Ledrat est couvert de boutons, les yeux tuméfiés, purulents, les cils collés et pour combler le tout, il a le mal de mer. La situation va s’empirer, il dégueule sans cesse, n’a pas d’appétit mais il lui faut prendre des forces. Il pêche au lancer et mange ses maigres provisions. Par chance, il croise un cargo qui lui porte assistance et le fait monter à bord. Après un court temps de réflexion, Jean-Claude considère qu’il doit reprendre son odyssée en direction des Bermudes...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si le nom de Jean-Claude Ladrat ne vous parle pas, vous connaissez certainement le personnage. Jean-Claude et sa mère, Suzanne Saget, ont indéniablement participé au succès de l’émission de télévision belge Strip-tease. En 1993, cette famille de doux-dingues a fait l’objet d’un reportage d’une quinzaine de minutes désormais devenu culte. Jean-Claude a en effet eu pour projet de construire une soucoupe volante, piloté « paranormalement » afin de se rendre dans le triangle des Bermudes. Plongés dans leur délire, mère et fils évoquent alors ce projet surréaliste. Jean-Charles Chapuzet, journaliste indépendant, s’est intéressé à l’histoire de Jean-Claude Ledrat quant il a appris que ce dernier avait été condamné à 10 ans de prison pour des histoires de mœurs. Après une dizaine d’entretiens sur 18 mois, il a publié un livre, Mauvais plan sur la comète, dans lequel il relate certains événements de vie de Jean-Claude Ladrat. La soucoupe et le prisonnier est donc l’adaptation BD de ce son enquête. On apprend notamment que Jean-Claude Ladrat n’a pas eu une enfance facile et qu’il a passé quelques années en orphelinat ; qu’il a été marin de marine marchande durant 6 années, au terme desquelles il a vécu un phénomène paranormal ou plutôt un épisode hallucinatoire, fondateur de son projet de se rendre dans le triangle des Bermudes ; qu’à bord d’une embarcation de fortune il a dérivé 91 jours en Atlantique. L’épisode de la soucoupe volante est évidemment relaté, mais l’auteur a fait le choix de ne pas se focaliser uniquement sur cette « bizarrerie ». Le journaliste restitue de manière brute et sans jugement les propos de Ladrat ou de quelques personnes qui ont pu le côtoyer. Si le personnage dégage une certaine bonhomie, que son délire ainsi que celui de sa mère prêtent à sourire, les faits qui lui ont valu un séjour à l’ombre ne sont pas occultés. Le fil du récit peut apparaître un peu décousu, avec une chronologie aléatoire, mais l’écriture est plaisante.