L'histoire :
Nous sommes en 2018, Benoit, animateur d’une petite webradio dans son appartement parisien, se passionne pour la musique des sixties. L’histoire démarre un soir, alors qu’il retrace l’histoire des Franges, groupe (fictif) censé avoir existé de façon très éphémère un demi-siècle plus tôt, en 1968 à Paris. « You don’t love me, you treat me like a clown » chantent ces quatre jeunes rockeurs en mal de reconnaissance. Une quête qui sera au cœur de leur parcours, pour le meilleur et pour le pire. Comme il en a semble-t-il l’habitude à l’issue de chaque émission, Benoit invite les auditeurs à échanger sur le groupe du jour en lui envoyant un petit mail. Sitôt dit, il reçoit un message qui va bouleverser sa vie. Il est invité à se pencher de plus près sur le cas des Franges aux archives de la sécurité intérieure. Et pour pimenter la chose, le message se termine par un post-scriptum : « Vous trouverez également des informations sur votre père ». Un paternel qu’il n’a pas connu. S’ensuit alors une enquête rocambolesque sur les traces d’un groupe éphémère qui va lui faire revivre les événements de mai 68, avec un regard qui n’a pas grand-chose à voir avec ce qu’on vous en a raconté au lycée. Et si les Franges avaient joué un rôle capital, et bien malgré eux, dans les échauffourées de l’époque, entre étudiants révolutionnaires et forces de l’ordre armées jusqu’aux dents ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
« Loufoque » : premier mot qui vient à l’esprit pour évoquer cette aventure qui part sur d’excellentes bases graphiques dès les premières cases, avec des couleurs qui sentent bon les années « flower power ». L’idée de départ de l’auteur complet et espagnol Juanjo Rodriguez est originale. Il nous propose une histoire revisitée d’un événement finalement peu abordé dans la bande dessinée. Les personnages sont attachants, bien que caricaturaux à l’excès parfois, avec notamment la guichetière sévère et pointilleuse, le retraité rond tout en bonhomie, le CRS droit dans ses bottes qui fait équipe avec un autre qui relève plus du pied nickelé… On est aussi dans la caricature à l’extrême dans le portrait des jeunes manifestants révolutionnaires, ce qui en fera rire ou en agacera certains, au choix. La narration est efficace, bien menée entre les recherches effectuées par Benoit en 2018, et l’action qui se déroule en 1968, à laquelle on se raccroche tout au long du récit via les rapports de police de l’époque. Le tout sur un fond très « sonore » ! C’est une bande dessinée sur le thème d’une émission de radio qui, en plus, parle de musique. Cela se lit, et cela s’entend, à base d’onomatopées qui nous font lire au rythme de la batterie… Et des courses-poursuites avec les forces de l’ordre, mais aussi les manifestants très remontés contre ce groupe qui n’a pas grand-chose à voir avec l’idéal révolutionnaire. En tout cas dans ce premier opus, puisqu’il y aura une suite…