L'histoire :
Le 20 février 2016, à la veille de la Première de la nouvelle saison de l’émission PopMaster, les techniciens et les musiciens attendent la vedette Anna Thorqvist sur scène, pour une répétition. Agacée par son retard, son attachée de presse va toquer à la porte de sa loge. Elle découvre alors une scène surréaliste : Anna a disparu, à la place, les murs sont maculés de symboles runiques tracés avec du sang. Aussitôt, le commissaire Thalin dépêche sur site deux de ses meilleures enquêtrices, Eva et Thérèse. Il faut vite avancer sur ce mystère, car l’info de la disparition inquiétante d’Anna Thorqvist, l’une des pop stars les plus populaires du pays, a déjà fuité dans les médias. Après avoir visité la loge, Eva se pose la question de la « disparition promo », le mobile le plus courant. Les proches de la vedette dénient en bloc cette éventualité. Le second réflexe policier lui indique ensuite de chercher parmi les ennemis de la disparue. Le producteur Bo Svetsson, qu’elle avait récemment quitté et qui l’avait vraiment mal pris cette rupture, est donc logiquement suspecté. Une visite musclée aux studios de ce libidineux personnage permet aux policières de faire la connaissance d’une vedette rivale, Krystal. Eva s’intéresse ensuite aux fans extravertis des deux vedettes et cherche à faire traduire les runes auprès d’un spécialiste…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour définir Le chant des runes, imaginons que le scénariste Sylvain Runberg ait été inspiré par le mariage entre deux de ses précédentes séries : Millénium (pour le polar nordiste, urbain, neigeux, obscur et sordide) et les Carnets de Darwin (pour l’incursion de créatures fantastiques dans de hautes fonctions de la société). Pour point de départ, la disparition inquiétante d’une pop star, accompagnée de symboles runiques écrits en lettres de sang. Brrrr… L’ambiance flippante du Silence des agneaux est donnée, notamment par le truchement de deux-trois séquences muettes d’horreur. On y voit la pop-star enchainée nue dans cave putride éclairée à la bougie, sur fond d’hémoglobine et d’égorgement de porc. Reprendriez-vous une tasse de thé ? Entre temps, une femme flic, du genre indépendante mais sexy à souhait, mène une enquête scrupuleuse. Le dessin de Jean-Charles Poupard se montre impeccable dans tous les compartiments du job : ambiances poisseuses, scènes d’actions efficaces, personnages expressifs et bien campés, décors soignés… On peut juste lui reprocher son académisme dans une veine réaliste de haute tenue. Bref, s’il n’y a rien de révolutionnaire dans ce type de suspens psychologique, il n’y a surtout pas grand-chose à lui reprocher non plus. C’est bien fait, on se laisse happer comme des bleusailles et on s’impatiente d’être nourri d’explications. En la matière, Runberg sait ménager ses effets. Il distille ce qu’il faut de fausses pistes et délivre un cliffhanger scotchant, qui lance officiellement l’obédience fantastique de la série. Miam…