L'histoire :
Le 10 août 1628, à Stockholm, un étonnant navire baptisé le Vasa est inauguré et autorisé à prendre le large par le roi de Suède en personne, Gustave II. A son bord, des créatures spécifiques de « l’autre monde », des sorcières « nornes » jugées définitivement trop dangereuses, sont contenues prisonnières à grands renforts de runes gravées sur la charpente du Vasa ainsi que par trois chamans issus d’une même famille, Markus, Joan et Asa Wörg. Mais le piège génocidaire qui devait se refermer à tout jamais sur les nornes contient visiblement une faille. La transe des chamans est violemment perturbée par l’un des gardes suédois qui entre dans une colère berserk et transperce Markus Wörg du fil de son épée. Dès lors, c’est la débandade. Les chamans perdent le contrôle des nornes. Une explosion retentit, une voie d’eau fait sombrer le Vasa avec une grande partie des nornes… et les Wörg. De nos jours, le chaman Josef Wörg est un descendant de cette famille. Il poursuit une double enquête au côté de l’inspectrice Eva Sundström. D’une part, un trafic d’humains issus de l’immigration est organisé par les ossedax – des trolls géants et violents – pour le compte de nains orfèvres. Ces humains sont en effet réduits en esclavage pour extraire de l’or au fond d’une mine souterraine. Sur ce front, la Sapö (services secrets suédois) fait appel à des alliés, les Sami, des « indigènes » majoritairement éleveurs de rennes, en raison de leur excellente connaissance du terrain et des créatures de l’autre monde. D’autre part, des supporters de foot lambada ont subitement tabassé à mort une amie d’Eva au sortir d’un match, sans raison… puis ils se sont tous suicidés en même temps durant leur garde à vue. Sur ce front, la police suédoise explique au grand public que les tueurs appartenaient à une même confrérie secrète et ultra virile, descendue des templiers. Une explication cartésienne fabriquée de toutes pièces par la Sapö, qui a le défaut de ne pas être pleinement convaincante…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les mystères se résolvent à grands renforts de scènes spectaculaires dans ce tome 4, qui conclut le second cycle, en diptyque, du thriller fantastique sur fond de mythologie nordique. Rappelons que, à l’instar de Mulder et Scully des X-Files, le duo mixte de héros appartient à un département ultra secret de la Sapö, les services déjà secrets suédois. Josef et Eva se confrontent en effet à des affaires liées à « l’autre monde », c’est-à-dire les créatures bizarroïdes issues de la mythologie nordique. Aux trolls et aux gobelins du premier diptyque, ils ajoutent trois nouvelles créatures dans ce second cycle : les ossedax (des trolls géants, musclés, biscornus et super violents) ; les nains orfèvres (des êtres moches, chauves, albinos, avec une gingivite prononcée et qui exploitent les ressources minières du sous-sol suédois) ; et les nornes (de puissantes et sexy sorcières avec des méga cornes de bouc enroulées). Etant donné la puissance de ces créatures, on se demande bien comment elles ont fait leur compte pour rester secrètes depuis la nuit des temps et ne pas avoir pris le contrôle de la planète. Là se trouve la méga-incohérence de cette série, qui mise tout sur les effets fantastiques et les scènes spectaculaires, au détriment de la crédibilité. On reste donc dans un registre de série B, qui n’empêche pas de se laisser porter par une aventure d’épouvante et pleine d’hémoglobine, fort correctement rythmée et dessinée. Car le scénariste Sylvain Runberg sait y faire pour accorder la juste tension – et les répliques caricaturales en plein milieu d’une action : « Salope, peut-être, mais grosse certainement pas ! ». Tandis que le dessinateur Jean-Charles Poupard montre une nouvelle fois sa grande maîtrise des encrages réalistes. Rien n’est négligé : ni les décors fabuleux, ni les personnages expressifs, ni l’action échevelé. Un cahier spécial de 8 pages dédiées à ses études préparatoires termine la première édition de cet album. En route vers un troisième cycle ?