L'histoire :
De nos jours, en Suède, un réfugié syrien et son fils sont sauvagement attaqués par des forces obscures « sorties du sol » tandis qu’ils traversent une forêt. Le fiston en réchappe, mais il est traumatisé et pas grand monde ne croit à son histoire de monstres. Au même moment, la policière Eva Sundström sort d’un stade de football avec deux copines, dont une métisse, à l’issu d’un match du championnat national. Or inexplicablement, tandis qu’elles attendent leur métro sur un quai bondé, la copine métisse est soudainement battue à mort, sans raison, par cinq quidams ! Grace aux compétences d’Eva en self défense, les « hooligans » sont maîtrisés et arrêtés par la police. Mais la copine décèdera quelques heures plus tard d’une hémorragie cérébrale sur la table du chirurgien, en raison de la violence des coups. Et le plus dingue, c’est que les cinq quidams ne se connaissaient pas, n’étaient pas réputés violents et ne comprennent pas ce qui leur a pris. Les deux affaires semblent liées aux créatures de l’autre monde. Eva et Josef mènent donc l’enquête avec leur cellule spéciale. Après avoir convaincu le jeune syrien de les amener sur le lieu de l’agression dans la forêt, et lui avoir fait avaler un champignon hallucinogène, Josef détermine que les coupables sont des « ossedax », un peuple guerrier qui ressemble à des trolls géants, qui vit sous terre et qui ne se nourrit que de moelle osseuse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Débuté sur le mode du thriller, avec le kidnapping d’une pop-star et des murs couverts de sang, le premier diptyque du Chant des runes a finalement totalement versé dans le fantastique (sanglant tout de même). Nous y avons été présentés à un couple d’enquêteurs spécialisés dans un registre paranormal bien spécifique : les relations complexes et secrètes avec les créatures mythologiques septentrionales. Les trolls, les gobelins… et désormais, avec ce second diptyque, les « ossedax ». Un petit tour sur wikipedia incline à penser que cette espèce a été inventée par le scénariste Sylvain Runberg (il nous contredira, au besoin). Mais après tout, les créatures de l’ombre ont bien toutes un jour été inventées (ou… nous aurait-on menti ?). Au milieu de cette nouvelle aventure riche en action, en mystères et en frissons, Runberg aborde aussi un pesant sujet d’actualité en seconde lame : le cas des réfugiés qu’accueille son second pays de cœur, la Suède (à moins que ce ne soit le premier). Faudrait-il voir dans ses monstres une métaphore des comportements xénophobes excités par le populisme ambiant ? En attendant, ses héros Josef et Eva incarnent un couple plus proche que jamais des célèbres Mulder et Scully de X-Files. L’opus est une nouvelle fois dessiné par le talentueux Jean-Charles Poupard, dont les encrages sont toujours d’une grande justesse tant dans les proportions que dans les cadrages. Outre le galbe parfait de sa sexy Eva, on apprécie notamment ses larges cases spectaculaires (trop rares).